Quelle voie pour le bilinguisme ?


Le conseil académique des langues régionales s’est réuni mercredi, ce qui ne s’était pas produit depuis 2011. L’occasion d’échanger avant l’élaboration de la nouvelle convention quadripartite.

Un conseil académique des langues régionales, présidé par la rectrice Sophie Béjean, s’est tenu mercredi soir, avec ses services, en présence des représentants des collectivités territoriales, des associations culturelles liées au bilinguisme et des organisations syndicales. Cette instance consultative ne s’était pas réunie depuis 2011, alors qu’elle est censée le faire, selon une circulaire de l’Éducation nationale, « au moins deux fois par an ». Ce non pas « pour éviter des sujets sensibles » , comme l’a supposé avec malice un participant, mais en raison de la tenue d’autres instances sur ce thème, notamment, à partir de 2012, dans le cadre des assises de la langue régionale.

Les retrouvailles ont été l’occasion d’un état des lieux… en attendant les résultats d’une enquête commandée par l’académie au Lisec, laboratoire interuniversitaire. Si l’enseignement de l’allemand a progressé, quasiment 100 % des écoliers pratiquant au moins trois heures par semaine, la fédération Alsace bilingue a soulevé « le problème récurrent de la place de l’histoire et de la culture régionale à l’école » et regretté une « stagnation, ces dernières années dans le bilingue paritaire, autour de 16 % d’enfants scolarisés ». C’est ce cursus – 12 heures d’enseignement en français et 12 heures en allemand – qu’elle tient à préserver, à l’instar des associations de parents d’élèves Apepa ou Eltern, comme le respect du principe « un maître, une langue » , et ce dès 3 ans.

Rendre attractif

II n’est pas question, à leurs yeux, de développer les sites expérimentaux dits « progressifs » – fonctionnant avec huit heures d’allemand – ou le bilinguisme à partir de la moyenne section, ainsi que le suggère le syndicat enseignant Unsa-Education ( L’Alsace du 6 février) . Celui-ci a aussi réitéré sa demande « de moratoire sur le développement de nouveaux sites bilingues tant que ne sera pas résolue la question des compétences et des ressources humaines ». Tous s’accordent sur ce point : « Le nœud du problème tient au recrutement et à la formation des enseignants. »

Des propositions ont été avancées pour rendre la filière plus attractive : en plus de doubler la prime des enseignants, en faire la promotion auprès des élèves en Abibac, mettre en place une bourse pour les étudiants, rechercher un vivier de professionnels plus loin en Allemagne… Des arguments qui, s’ils étaient connus, ont, cette fois, pu être partagés dans la perspective de l’élaboration d’une nouvelle convention quadripartite opérationnelle. Laquelle, liant l’Éducation nationale et les collectivités territoriales, veut mettre en pratique des objectifs ambitieux : que d’ici 2030, 50 % des élèves de maternelle soient dans le bilingue paritaire et qu’au moins 25 % d’entre eux poursuivent ce cursus en 6e. C. C.

 L’alsace du 17/03/2018

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