École : comment rendre le système français moins inégalitaire ?

« Le pays doit en urgence réagir. » Le rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) sur les inégalités sociales et migratoires, publié ce mardi, n’est franchement pas tendre avec le système éducatif français. Et pour cause : celui-ci est l’un des plus inégalitaires de l’OCDE, marquée par des inégalités sociales et migratoires fortes et croissantes, associées à un nombre très important d’élèves en grande difficulté scolaire.

Non seulement la copie de la France est exécrable en matière d’égalité, mais elle mettrait en péril sa croissance économique future ainsi que sa cohésion nationale et sociale. Pour cela, le Cnesco est clair : le pays a besoin d’un « cadre politique consensuel autour d’orientations politiques réellement efficaces et clairement mises en œuvre ». Au-delà des clivages partisans, il doit ainsi « clarifier sa vision de la justice à l’école, rompre avec une logique de réformes à répétition (peu mises en œuvre dans les classes) et miser sur l’expertise des acteurs de terrain, rendre transparents les phénomènes d’inégalités de traitement ». La France doit également changer sa logique du traitement de l’échec scolaire (prévenir plutôt que guérir), considérer l’élève, mais aussi l’enfant et son quotidien dans son intégralité.

(Source : Cnesco)

Et le Cnesco d’insister sur l’absolue nécessité de réagir dans l’urgence, sans toutefois perdre de vue une perspective de long terme, « car les apprentissages se construisent dans la durée ». Le rapport « Comment l’école amplifie-t-elle les inégalités sociales et migratoires ? », qui a mobilisé pendant deux ans 22 équipes de chercheurs français et étrangers (sociologues, économistes, didacticiens, psychologues), préconise sept voies d’amélioration du système éducatif français.

Miser sur l’expertise pédagogique des personnels enseignants et d’encadrement : plutôt que de réformer le système tous les quatre matins et d’imposer à ces personnels des cadres stricts, le rapport suggère de leur donner des ressources (formation continue, intervention de conseillers pédagogiques en mathématiques, expérimentation de pratiques pédagogiques efficaces).

Mobiliser la prévention dès les premiers apprentissages : renforcement de la maternelle précoce, développement du « professeur des apprentissages fondamentaux » (qui peut suivre un même groupe d’élèves du CP jusqu’au CE2), recrutement de professeurs spécialisés dans l’accompagnement des petits dès le CP.

Rompre avec les inégalités de traitement : lutter contre la ségrégation scolaire et sociale, en particulier dans les endroits les plus critiques.

Donner des repères nationaux aux acteurs de terrain, en leur fournissant des évaluations aux étapes-clés de la scolarité, aussi bien au niveau national que local, pour un suivi tant quantitatif que qualitatif des politiques éducatives mises en place.

Appliquer le principe d’équité aux politiques d’orientation : aider les familles qui n’y connaissent rien à utiliser Affelnet et APB, les logiciels d’affectation dans l’enseignement secondaire et supérieur, accompagnement renforcé des élèves défavorisés admis en formation sélective.

Rendre plus équitable l’enseignement professionnel, qui accueille les jeunes les plus fragiles, en rénovant les diplômes pour développer l’employabilité des jeunes diplômés.

Assurer des conditions matérielles suffisantes aux apprentissages pour les élèves les plus démunis.

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