La Méthode Freinet à l’EN

Ces quelques conseils sont affichés près du tableau noir. « Il est important d’apprendre aux enfants qu’être responsable, c’est aussi prendre les devants quand on est confronté à la lassitude, à la fatigue, aux fâcheries. On a le droit de se tromper, de ne pas avoir envie », explique Céline Haller, qui enseigne depuis trois ans à l’école élémentaire Karine de Hautepierre. S’inspirant de la pédagogie Freinet et de la pédagogie institutionnelle, Céline Haller a découvert en début de carrière à Vancouver au Canada, cette autre façon d’enseigner. « Je ne fais pas de la pédagogie Freinet à 100 % », prévient la jeune enseignante. « Comme toute pédagogie, il faut se l’approprier et la mettre au goût du jour ».

Au sein de l’équipe pédagogique, composée de 12 professeurs dont un professeur de Rased, un professeur pour les élèves allophones, et d’un directeur d’école, Céline Haller est l’enseignante qui s’inspire le plus des pédagogies alternatives. Leur pratique relève d’un choix personnel des enseignants, mais Céline Haller a trouvé dans cette école un cadre plus que favorable à la mise en œuvre de ces pédagogies.

Une école ouverte aux parents

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Les enfants se déplacent librement dans l’établissement. « Il n’y a pas plus d’accidents que dans les autres écoles et on gagne du temps. Il n’est plus nécessaire de mettre les élèves en rang, de régler des conflits parce qu’ils s’ennuient avant de monter en classe », remarque le directeur. Pour autant, les enfants ne sont pas laissés sans surveillance. « Il existe une communication perpétuelle entre les enseignants qui croisent tous les élèves à tous les étages ».

L’école est également « ouverte aux parents qui doivent pouvoir rentrer dans l’école. Leur présence, leur mobilisation est importante. Ils sont là tout le temps. C’est un avantage », même si ce n’est pas toujours simple à gérer reconnaît Martial Lauck.

Solidarité : « Mon mot fétiche »

Avec la méthode Freinet, les apprentissages sont reliés à la vie. Après l’installation de deux ruches pour comprendre les différentes étapes de la fabrication du miel, les enfants ont travaillé cette année sur la création d’un poulailler dans l’école. En classe, ils occupent différents métiers ou fonctions qui leur permettent de s’investir, de rester actifs toute la journée. L’un doit nettoyer le tableau, l’autre s’occuper du courrier. Il existe aussi des chefs d’équipe, des médiateurs de conflits.

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« Il faut toujours être dans le dialogue pour créer un climat au sein de la classe, pour amener les enfants à la solidarité. C’est mon mot fétiche », souligne Céline Haller qui a instauré un tutorat entre élèves de différents niveaux. Car ici, les apprentissages sont basés sur la coopération.

Une valorisation des réussites

Chaque élève avance en fonction de ses progrès et les notes traduisent une valorisation des réussites. « Un système de ceinture de différentes couleurs, comme au judo, permet aux élèves de savoir d’où ils partent, où ils vont et ce qu’ils ont réussi à faire » témoigne l’enseignante. « Ce sont les enfants eux-mêmes qui demandent à passer une nouvelle étape lorsqu’ils sont prêts ». Il existe également des ceintures de comportement accordées aux tuteurs par les enfants qui s’évaluent et expliquent pourquoi ils s’attribuent ou non ces ceintures.

Cette pédagogie est différente des méthodes traditionnelles, mais « il y a un cadre officiel à respecter » rappelle Céline Haller. Si la pédagogie Freinet inspire une centaine d’enseignants en Alsace, cette méthode doit faire face à des vents contraires dans une société qui ne voit que le résultat immédiat. « On s’éloigne actuellement de la pédagogie Freinet », regrette Martial Lauck. « On demande à l’école de tout faire en oubliant la capacité des enfants à progresser ».