le gouvernement lance la bataille de la lecture

 Bouquinez, c’est la République qui vous le demande ! Voici, en substance, l’appel solennel que va lancer ce jeudi après-midi le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, sous la coupole de l’Institut de France, à Paris. Face à lui se tiendra le parterre des Immortels, symboles vivants des mots, qui, dans un cérémonial rodé, devraient donner leur accord pour porter avec l’Etat et l’Association des maires de France une campagne nationale inédite, «Ensemble pour un pays de lecteurs», soutenue par des hommes de lettres connus du grand public comme Marc Levy, Daniel Pennac ou Bernard Pivot.

 

Le principe est très simple : partout en France, les plus de 50 ans sont invités à pousser la porte des écoles, pour lire des histoires aux enfants et ainsi leur transmettre le goût de l’écrit, socle indispensable à la réussite, non seulement en français, mais dans toutes les matières.

 

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Objectif : un million d’enfants

 

Ce partage de la lecture plaisir entre générations existe, depuis plus de vingt ans, à travers le réseau associatif Lire et faire lire. Quelque 18 000 personnes y contribuent actuellement, auprès de 650 000 enfants. L’objectif est d’atteindre sous quatre ans les 50 000 bénévoles, pour toucher 1 million d’élèves. Pour accompagner le mouvement, les enseignants seront sensibilisés par leur ministère à l’intérêt de solliciter des lecteurs bénévoles dans leurs classes

 

Les autres peuvent aussi agir : prendre un livre plutôt que la tablette devant ses enfants est déjà un engagement. Lire en famille, un peu chaque jour, un facteur de réussite. «Si on atteint des chiffres gigantesques, on initie un vrai changement de société et là, on aura un impact sur l’échec scolaire mais aussi sur l’identité du pays», veut convaincre le romancier agitateur Alexandre Jardin, qui a initié Lire et faire lire en 1999, autour de quarante écrivains. «Une loi ne peut pas ordonner aux gens de prendre du plaisir à lire, constate-t-il. Mais si tout un pays se met en ordre de bataille, que des gens vont massivement bouquiner et se marrer avec des petits, alors oui, on arrivera à une nation de lecteurs !»

Pour l’heure, on n’y est pas. De la même manière que la France est un pays de grands mathématiciens peuplé de quidams fâchés avec les divisions, les lecteurs se font de plus en plus rares au pays des écrivains. A l’école, un enfant sur cinq est mal à l’aise avec l’écrit, et entre classes sociales, le trésor de la langue est très mal partagé. Faute d’avoir suffisamment baigné dans les mots et les histoires, les enfants les moins avancés n’appréhendent le monde qu’avec 220 mots à l’entrée au CP, contre 1 200 en moyenne pour les autres écoliers, selon le linguiste Alain Bentolila. C’est ce fossé, dans lequel prospèrent la violence et les inégalités sociales et scolaires, qu’il s’agit de combler.

 

Participation, mode d’emploi

 

Nul besoin d’être un érudit, un comédien aguerri ou un spécialiste en pédagogie. Aucune autre compétence que l’envie n’est exigée pour faire partie de l’association Lire et faire lire : cette dernière s’adresse à toutes les personnes de plus de 50 ans, désireuses de lire des albums aux enfants comme le feraient des grands-parents avec leurs petits-enfants, à raison d’au moins une fois par semaine, pendant une année scolaire (de septembre à juin), dans une école près de chez soi.

Les séances de lecture ont lieu avec des tout petits groupes d’environ cinq enfants. Les bénévoles sont formés par l’association pour conduire leur séance et choisir des livres adaptés à leur public. Pour s’inscrire, il suffit de se rendre sur le site de l’association* et d’y remplir un formulaire avec ses coordonnées et ses disponibilités. Pour tout renseignement, on trouve aussi sur le site les numéros des référents locaux dans chaque département en métropole et en outre-mer.

 

* www.lireetfairelire.org

Une nation de lecteurs, chiche ? C’est le sens de la campagne inédite lancée ce jeudi après-midi par le ministre de l’Education. Retraités, écrivains, enseignants, parents : chacun est appelé à se mobiliser

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