Les nouveaux usages du livre numérique

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Le Lycée 4.0, voulu par la région et mis en place, avec quelques difficultés techniques, dans 13 établissements alsaciens, peut être un formidable outil pédagogique. Certains enseignants en sont convaincus, à l’instar de Gaëlle Macuba, au lycée Louis-Armand de Mulhouse.

Aujourd’hui 05:00 par Textes : Catherine Chenciner Photos : Thierry Gachon , actualisé Hier à 22:45 Vu 437 fois

Fini les livres scolaires sur les tables, il n’y a plus que des écrans, d’ordinateurs ou de tablettes. À trois ou quatre, les élèves planchent sur des sujets de français dont ils partageront les synthèses en ligne, sur une plateforme collaborative. Le lycée Louis-Armand à Mulhouse est l’un des 13 en Alsace à être entré dans l’expérimentation Lycée 4.0, lancée à la rentrée par la région, consistant à n’avoir plus que des manuels numériques. Dans les faits, pour des raisons surtout techniques, la ressource n’est pas entièrement disponible. Certains s’en exaspèrent, pas Gaëlle Macuba. « Mon manuel, c’est moi qui le fais, on n’est pas empêché de travailler » , fait valoir l’enseignante qui a pris l’habitude de numériser ses documents pédagogiques qu’elle fait circuler via l’ENT (environnement numérique de travail) de l’établissement.

Des élèves plus libres, une relation différente

« On repousse les espaces, cela permet d’accompagner au lieu d’être en frontal. C ela stimule les échanges et met chacun en activité » , constate Marc Neiss, le délégué académique au numérique. C’est « une corde de plus à mon arc » , estime Gaëlle Macuba à la fin du cours, tandis qu’un lycéen l’interroge : « Madame, on n’a pas fini, on peut tout vous rendre demain ? » Elle sourit : « Cela n’arrivait jamais avant ! L’outil peut être formidable, il ouvre la possibilité de travailler autrement. Les élèves sont ensemble, plus libres, la relation est différente, notamment avec certains réfractaires à l’autorité. »

« Sur le papier, on a plus d’idées »

Une autonomie que les élèves apprécient : « On peut chercher seul sur internet du vocabulaire ou quand on ne comprend pas. » Certains se rassurent de ne plus avoir à penser à tous les livres, mais sans, pour autant, être des inconditionnels. « Travailler en îlot oui, mais dépendre des autres tout le temps non ! J’aime bien aussi faire à l’ancienne » , glisse Ilyas. «  Au début, j’étais content , ajoute Ayoub. Sur l’ordi, on peut effacer, mais sur le papier on a plus d’idées. C’est bien quand il y a un but, qu’on ne peut pas faire sans. Il y a des matières où ça devient ennuyeux. » Remarque pertinente et d’ailleurs l’enseignante, ne pouvant vérifier ce que tous font derrière leurs écrans, s’assure « qu’ils ont quelque chose à rendre, que ce soit utile ».

Le moins dépendants possible du wifi

Dans ce cours, le numérique est utilisé, la moitié du temps, comme support documentaire, et, moins souvent pour l’instant, de manière interactive. «  Les élèves ne sont pas sans arrêt devant l’ordi ! Ils travaillent aussi individuellement pour se préparer à l’examen. » En l’occurrence, il s’agit de l’épreuve anticipée du bac. En vue de laquelle ils ont toujours des textes imprimés, en particulier les commentaires de français « à souligner, encadrer… » Et ils continuent à prendre les cours au stylo, comme l’ont décidé collectivement les enseignants. « Ils disent qu’on retient mieux » , précise Bilal. « J’ai une mémoire photographique, apprendre sur un écran, je ne peux pas » , confirme Ajshe.

C’est l’une des premières séances où tous les élèves ont leur matériel, la plupart acquis via la région Grand Est. Aucun n’a rencontré de problème technique, même si parfois « le réseau est saturé » et qu’il n’y a « qu’une seule prise de courant par classe ». Raison de plus, pour l’enseignante, de préparer largement le travail en amont. « Je leur demande de visionner une vidéo ou de télécharger les docs pour être le moins dépendants possible du wifi. C’est chronophage pour moi, mais ensuite, en classe, on gagne du temps. »

Gaëlle Macuba n’était pas particulièrement férue d’informatique et la « méthode » quelque peu imposée lui posait problème, mais elle s’y est mise, « en toute bonne volonté » . Aujourd’hui, apprécie-t-elle, « cela amène de l’émulation du côté des équipes pédagogiques et plus de travail collaboratif. II faut réfléchir à ce que ça apporte en termes de réussite pour les élèves. » Pour elle comme pour ses collègues à Louis-Armand , « c’est la priorité ».

•49 lycées du Grand Est, dont 13 alsaciens, sont lancés dans l’expérimentation. D’ici quatre ans, tous le seront.

• La Région distribue quelque 7743 ordinateurs et 725 tablettes commandés avant juillet . Le s trois quarts des élèves disposent actuellement de l’outil.

•Neuf familles sur dix ont bénéficié de l’aide financière de la collectivité, soit 50 % du prix (dans la limite de 225€).

 

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