Parcoursup en travaux

c.dna.fr | J.F.C.

Succédant au portail APB, le Plan étudiants permet aux élèves souhaitant entrer dans l’enseignement supérieur d’être mieux accompagnés dans leurs choix d’orientation. Voici les étapes à suivre du Parcoursup qui est encore en construction.

Les objectifs ambitieux du Plan étudiants

Les tirages au sort annoncés en juillet dans les filières en tension de l’enseignement supérieur, et finalement évités grâce aux mesures d’urgence, avaient sonné le glas du Portail d’admission postbac (APB). Le projet de loi sur l’orientation et la réussite des étudiants – texte qui devait être voté hier soir par l’Assemblée nationale et qui sera examiné par le Sénat le 7 février 2018 – a pour « objectif d’éviter l’engorgement et le tirage au sort considéré comme injuste. D’éviter une orientation par défaut de certains lycéens, notamment ceux issus de bacs professionnels. D’éviter une forme d’échec en licence par défaut global d’orientation », a expliqué hier la rectrice de l’académie de Strasbourg Sophie Béjean. Dans ce but, le Plan étudiants doit assurer « une meilleure orientation des lycéens, un meilleur accueil dans les universités et au bout du compte une meilleure réussite en licence ».

Priorité à l’accompagnement des élèves de terminale

Ce n’est plus un, mais deux professeurs principaux, dans les classes de plus de 20 élèves, qui ont pour mission d’accompagner les lycéens de terminale vers le supérieur. Le cap des 1 000 professeurs principaux pour les 580 classes de plus de 20 élèves vient d’être franchi dans l’académie de Strasbourg. Ils devront suivre individuellement chaque lycéen, dialoguer avec les familles, synthétiser les choix d’orientation des élèves pour l’avis du deuxième conseil de classe, expliquer le fonctionnement de la nouvelle plateforme d’admission Parcoursup à partir du 15 janvier.

Cette réforme du deuxième professeur principal fait l’unanimité parmi les proviseurs présents hier au rectorat. « Il faut se mobiliser pour assurer l’individualisation des parcours, accompagner l’élève dans la construction de son projet d’orientation. Il faut se battre contre l’orientation par dépit ou par défaut », souhaite Amina Ajbali, proviseur du lycée Adrien-Zeller à Bouxwiller. « Il faut comprendre, analyser, être le plus proche possible de l’élève pour comprendre sa réflexion », poursuit Marie-Claude Mathieu, proviseure du lycée René-Cassin à Strasbourg. Les professeurs principaux suivront une formation en janvier.

Destinées aux établissements d’enseignement supérieur, les fiches Avenirs donneront les avis des professeurs principaux et du chef d’établissement sur chaque formation souhaitée par l’élève. « Elles auront leur importance pour les jeunes qui n’ont pas forcément les bagages, mais qui sont impliqués dans certaines disciplines, qui ont leur motivation propre », indique un professeur principal, avant d’ajouter : « Nous donnons notre avis, ensuite le choix appartient toujours à l’élève ».

La nouveauté du « oui, si »

À partir du 22 mai (voir l’infographie ci-dessous) , le lycéen peut recevoir trois réponses à ses vœux de formations. La réforme ne prévoit pas de modification pour les candidatures à une formation sélective (BTS, IUT…). Les réponses peuvent être « oui », « non », ou bien « en attente » d’une place.

Le changement concerne les candidatures à une formation non sélective. Les réponses peuvent être « oui », « en attente » ou « oui si », ce qui est la grande nouveauté. L’inscription est alors conditionnée à l’acceptation par le futur étudiant d’un parcours spécifique, qui n’est pas encore défini (lire l’article ci-dessous).

Autre nouveauté, la réforme prévoit de mettre en place, lors d’une procédure complémentaire, des commissions mixtes académiques pour traiter la situation des bacheliers sans réponse favorable.

Quid de la préférence académique ?

Pour les formations contingentées en Alsace, l’ancien système donnait la priorité aux candidats ayant obtenu leur bac dans l’académie ou domiciliés en Alsace. Cette préférence académique n’est pas totalement supprimée. « Elle jouera pour les filières en tension qui peuvent susciter plus de mobilité », précise la rectrice. Des pourcentages maximums d’étudiants venant d’autres académies seront définis. De même, le rectorat va définir pour les formations en tension des taux d’étudiants boursiers.

Sélection ou pas sélection ?

Plusieurs syndicats de l’enseignement supérieurs dénoncent « une sélection qui ne dit pas son nom » (DNA du vendredi 15 décembre) , en raison notamment des « attendus » pour accéder à certaines formations, ou encore du « Oui, si ». Benoît Tock, vice-président chargé de la Formation à l’Université de Strasbourg, fait une tout autre interprétation, qui a beaucoup plu à la rectrice : « La sélection c’est le droit de dire non. Nous n’avons que le choix de dire « oui » ou « oui si », de moduler le oui. Ce n’est pas de la sélection ».

« Il n’y a pas de sélection au sens couperet du terme, même s’il existe à l’université des filières sélectives », enchaîne Michel Deneken, président de l’Unistra. « Le service public de l’université accueille tout étudiant, mais le piège peut se refermer rapidement sur un étudiant malgré les mises en garde, à cause d’un accident d’orientation, parce que l’étudiant n’a pas assez de lucidité sur lui-même ou parce que nous pouvons avoir des difficultés à comprendre les publics ».

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