Le Bilinguisme en débat

Le projet du rectorat d’expérimenter dans le premier degré, à la rentrée 2012, un dispositif bilingue avec un tiers d’enseignement en allemand, déclenche la colère des défenseurs de la voie paritaire.

« Cette mesure insidieuse prépare le démantèlement de la voie paritaire pour des raisons fallacieuses », dénonce Christian Fröhlicher, président d’Eltern Alsace, lors d’un rassemblement de dix associations alsaciennes bien décidées, en juin 2011, à unir leurs efforts pour pousser le rectorat à revoir sa copie.

Le recteur Armande Le Pellec Muller propose d’expérimenter, en septembre 2012 dans un nombre limité de classes de cours préparatoires, un enseignement de huit heures en langue allemande au lieu des 12 heures en allemand et 12 heures en français. Ce « modèle progressif » serait complémentaire du modèle paritaire.

« Un souci d’équité sociale »

Le recteur met en avant des raisons pédagogiques et un souci d’équité sociale. Alors que le surcoût dédié à la voie bilingue approche les 12,5 millions d’euros, son attractivité est insuffisante. Le cursus bilingue est suivi par 10,5 % des élèves de la maternelle au CM2, par 4 % des collégiens et 2,7 % des lycéens.

En outre, ce cursus profite principalement aux enfants des milieux sociaux favorisés et très favorisés, mais ne bénéficie pas aux élèves inscrits en voies professionnelles et technologiques. Pour le recteur, le modèle progressif ouvrira l’enseignement de l’allemand à des élèves qui considèrent la voie paritaire comme trop académique et intimidante.

Ces arguments ont convaincu les associations de parents d’élèves FCPE et PEEP, alors que l’APEPA partage la crainte des associations alsaciennes qui redoutent « que l’enseignement de huit heures en allemand l’emporte sur la voie paritaire » pour des raisons d’économies budgétaires et par manque de professeurs d’allemand en raison d’un « manque de volonté politique ».

Ayant approuvé ce dispositif expérimental le 27 mai lors d’une réunion avec le recteur, les représentants des trois collectivités, Région Alsace et conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin qui participent chacune à hauteur d’un million d’euros annuel au financement de la voie bilingue, assurent que cette expérimentation fera l’objet d’une évaluation et d’un débat de fond serein. Les défenseurs de la voie paritaire restent mobilisés. Ils souhaitent organiser en 2012 des assises du bilinguisme avec une certitude : « La voie paritaire est le minimum pour l’apprentissage de l’allemand ».

par J.F.C., publié le 03/01/2012 à 05:00

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