21 réseaux pour quatre ans

Le recteur a dévoilé hier la nouvelle carte de l’éducation prioritaire constituée de 21 réseaux dotés de moyens supplémentaires. Deux collèges en sortent, deux entrent.

Une soixantaine de parents d’élèves et d’enfants ont manifesté, hier au rectorat de Strasbourg, contre la sortie de Sainte-Marie-aux-Mines de l’éducation prioritaire

L’enjeu de l’éducation prioritaire n’est pas mince. Tant et si bien que le recteur Jacques-Pierre Gougeon a gardé secrète la nouvelle carte de l’éducation prioritaire jusqu’à la dernière minute hier après-midi, provoquant la colère des représentants syndicaux venus à Strasbourg pour travailler avec les services du rectorat sur cette carte sans connaître les noms des collèges retenus…

Établie pour une période de quatre ans à partir de la rentrée 2015, cette carte se compose de 12 réseaux d’éducation prioritaire plus (REP +) et de neuf réseaux d’éducation prioritaire (REP), soit 21 réseaux, le même nombre qu’en 2014-2015.Représentant pour l’académie de Strasbourg un budget 2015 de près de 30 millions d’euros, soit 14 millions de plus qu’en 2014, le dispositif éducation prioritaire offre des moyens supplémentaires aux collèges et aux écoles membres des réseaux. Des moyens pour mieux accompagner les élèves en difficulté, favoriser les usages du numérique, renforcer le travail en équipe des enseignants…

Dans un « souci de justice », une refondation de l’éducation prioritaire (EP) était nécessaire, car « les résultats de cette politique en place depuis 30 ans ne sont pas à la hauteur », souligne le recteur.

Des écarts scolaires qui se creusent

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Pour donner « de la cohérence » à la nouvelle carte du dispositif en « identifiant les besoins », le rectorat a pris en compte des critères sociaux et scolaires établis par le ministère, comme le pourcentage d’élèves issus des catégories sociales les plus défavorisées, le pourcentage d’élèves issus des zones urbaines sensibles, le pourcentage d’élèves en retard à l’entrée en sixième… Ces critères ont pu être adaptés, un plus faible taux de redoublement dans un collège ne signifie pas forcément que les élèves connaissent moins de difficultés scolaires.

Jacques-Pierre Gougeon assure que la nouvelle carte s’est faite dans la concertation avec les associations de parents d’élèves, les élus concernés, les chefs d’établissement, les syndicats de personnels, qui considèrent plutôt avoir été mis devant le fait accompli.

Le choix des 12 collèges REP + fait cependant l’unanimité. Par contre, la liste des neuf collèges REP suscite des interrogations syndicales, le détail des critères d’indice social ayant conduit à retenir ou non tel établissement reste un mystère. Elle provoque également de la colère auprès de parents d’élèves, enseignants, élus… notamment à Sainte-Marie-aux-Mines où le collège Reber sort de l’éducation prioritaire, tout comme le collège Mermoz de Wittelsheim. Le recteur leur a garanti une prolongation de leurs moyens actuels pour un an. Les collèges André-Maurois de Bischwiller et Bel-Air de Mulhouse font le chemin inverse en entrant dans le réseau d’éducation prioritaire. Une chance dans leur situation.

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La fin du REP, pas de la mobilisation

Hier, à l’heure où le recteur confirmait la sortie du Val d’Argent du réseau d’éducation prioritaire (lire en cahier Région, page 19), la mobilisation battait son plein à Sainte-Marie-aux-Mines. Elle s’est poursuivie jusqu’en soirée avec l’intervention des forces de l’ordre pour déloger les manifestants… qui promettent de ne rien lâcher.

Ils sont une petite centaine d’élus, d’enseignants, de parents et d’élèves à avoir répondu à l’appel à la marche silencieuse au départ du théâtre de Sainte-Marie-aux-Mines en ce vendredi après-midi. Parmi les manifestants, on trouve plusieurs adjoints sainte-mariens, mais aussi le maire de Rombach-le Franc, Jean-Pierre Hestin, bien que la commune qu’il gère ne fasse pas partie du réseau d’éducation prioritaire (REP). « Nos enfants aussi vont au collège de Sainte-Marie-aux-Mines. Ça concerne l’ensemble du territoire. »

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Une partie dans les rues de Sainte-Marie, une autre au rectorat à Strasbourg

Elles ne sont pas bonnes. « Aujourd’hui, nous ne sommes plus en REP », lance le coordonnateur, provoquant les huées des manifestants. Mais Abdel Ammari se réjouit tout de même de l’écho des manifestations. Car la marche de Sainte-Marie-aux-Mines n’était qu’une « diversion » si l’on en croit les manifestants. Au même moment, une délégation d’une cinquantaine de personnes, dont le président de la communauté de communes et maire de Sainte-Marie Claude Abel et son adjoint Eric Freyburger, se trouve en effet au rectorat pour mettre la pression avant l’annonce du recteur (lire en cahier région page 19). « Des télés et radios nationales ont interviewé nos collègues », lance Abdel Ammari, suscitant cette fois une ovation. Le coordonnateur poursuit : « Quoi qu’il arrive, aujourd’hui, ce ne sont que des propositions du recteur. Tant qu’elles ne sont pas ratifiées par le ministre, rien n’est fini. » A peine la marche se termine-t-elle que les manifestants confirment la prochaine action : le blocage, à 18 h, du rond-point desservant le tunnel Maurice-Lemaire.

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Un gendarme enroulé dans une banderole, deux manifestants amenés à terre…

Les manifestants sont bientôt rejoints par une partie de la délégation strasbourgeoise qui leur raconte les événements de l’après-midi. « Le recteur a parlé de concertation, mais il n’y en a jamais eu, s’emporte Véronique Herment, de la PEEP (*) . Il dit nous avoir rencontrés mais ça n’est pas vrai, nous avons vu son directeur de cabinet et la directrice académique. »

Claude Abel arrive à son tour et devient rapidement l’intermédiaire entre des manifestants bien décidés à rester en place et des gendarmes soucieux de dégager la voie publique. « On ne bougera pas », martèlent les manifestants. Un huissier, mandaté par APRR, est lui aussi arrivé sur place pour constater le blocage…

Après plusieurs délais successifs, les gendarmes finissent par se diriger vers les manifestants et tentent de les disperser. Certains capitulent rapidement, mais d’autres résistent, provoquant une légère confusion : un gendarme est enroulé dans une banderole, deux ou trois manifestants sont amenés à terre… Il est près de 20 h lorsque le calme revient. Les manifestants se dispersent peu à peu… en promettant de revenir.

A l’heure où nous écrivions ces lignes, hier soir, de futures actions étaient envisagées. Dès lundi, les enseignants invitent notamment les enfants à venir en classe vêtus de noir.

(*) Affirmation fausse puisque les 4 fédérations de parents APEPA PEEP FCPE UNAAPE étaient réunies chez le recteur le Mercredi 3 décembre 2014

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