Chatel ouvre la voie à la rémunération des profs au mérite

Comment attirer les professeurs dans les collèges et les lycées réputés les plus difficiles ? Nombre de ministres de l’Education ont tenté de réaliser cette épineuse réforme, sans parvenir à résoudre totalement l’équation. Luc Chatel a présenté mardi, à l’occasion de ses voeux aux chefs d’établissement, sa réforme applicable à la rentrée 2012, soit après l’élection présidentielle.

Le ministre de l’Education nationale souhaite élargir à tout l’Hexagone le recrutement des professeurs dans ces zones dites difficiles. Pour le moment, les professeurs ne peuvent être enrôlés qu’au sein des Académies. Du fin fond de l’Ariège ou de la Lozère, on pourra donc candidater pour les établissements les plus difficiles de Seine-Saint-Denis, de Marseille ou de Lille. Et pour rendre ces postes attrayants, l’actuel locataire de la rue de Grenelle propose d’assortir la rémunération – déjà agrémentée d’une indemnité annuelle de 1 156 euros – d’une prime au mérite n’excédant pas 2 400 euros.

Mini-révolution

Après les recteurs d’académie et les chefs d’établissement, le principe d’une prime au mérite serait donc applicable aux professeurs dans 325 collèges et lycées labellisés «Eclair» (Ecoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite). Il pourrait s’agir d’un mini-révolution dans un secteur où, jusqu’à maintenant, l’affectation d’un enseignant du public dépend surtout de son ancienneté, sa situation familiale, son concours et son lieu d’habitation. Conséquence et limite du système : les académies les plus favorisées sont très demandées par les professeurs expérimentés (à Paris, les plus de 50 ans sont 46% dans le secondaire, contre 30,9% au niveau national) alors que les établissements les plus difficiles accueillent les débutants et que leurs équipes changent trop vite.

A la rentrée 2011, pour la première expérimentation de cette autonomie de recrutement des enseignants par des chefs d’établissement, les 911 «postes à profil» ouverts ne l’avaient été qu’au sein des académies. Dans certaines comme Lille et Aix-Marseille, le ministère avait d’ailleurs fait face à un manque de candidats, si bien que des contractuels et des jeunes avaient été nommés à certains postes, alors que le dispositif a été conçu pour faire venir des professeurs chevronnés dans ces établissements considérés parmi les plus difficiles du pays.

65% de postes pourvus par des enseignants titulaires

Sur les 911 postes alors vacants, «65% ont été pourvus par des enseignants titulaires dans le cadre du mouvement normal des affectations, spontanément, 25% par des titulaires mais pas dans le mouvement, et 10% par des contractuel», avait expliqué fin 2011 à l’AFP la directrice générale des ressources humaines (DGRH) du ministère, Josette Théophile.

Il y a eu alors «à peine une candidature d’enseignant par poste, on aurait aimé en avoir un peu plus», si bien qu’en 2012 «on va traiter tout le dispositif Eclair de manière interacadémique, non intra-académique, et on espère avoir ainsi un peu plus de candidats», avait-elle ajouté.

L’education au coeur de la présidentielle

Le nombre des postes qui seront mis au recrutement à la rentrée 2012 correspondra aux postes vacants à la fin de l’année scolaire 2011-2012, mais il n’est pas encore connu à ce stade, a-t-on précisé mardi au ministère.

Nul doute que l’éducation et au delà l’affectation des professeurs sera un des enjeux de la future présidentielle. Vendredi en Seine-Saint-Denis, le candidat PS à la présidentielle, François Hollande, a lui aussi annoncé qu’il voulait changer le «mode d’affectation» des enseignants pour en envoyer des expérimentés dans les établissements difficiles.

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