La prime au mérite collectif

Ce n’est, officiellement, qu’un scénario. Mais c’est celui qui a la préférence du ministre de l’Education : Jean-Michel Blanquer voudrait ne verser  la prime de 3.000 euros promise aux enseignants des écoles et collèges des quartiers difficiles (« REP + ») que sous certaines conditions.

Selon des sources concordantes, cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron serait versée en trois fois. Tous les versements ne seraient pas automatiques.

« Tout est sur la table »

Une partie pourrait être modulable et conditionnée à la réalisation d’un projet d’équipe ou d’établissement – qui seraient évalués – voire aux résultats des élèves. Une sorte de prime au mérite collectif qui s’inspire de la communication du ministre de l’Action et des Comptes publics du 12 juin. En conseil des ministres, Gérald Darmanin avait appelé à « la généralisation de la rémunération au mérite au niveau collectif et individuel » pour les agents publics.

Interrogé par « Les Echos », le ministère de l’Education assure que « l’idée d’une part modulable n’est pas du tout arrêtée », « tout est sur la table », et les conditions de versement « doivent être discutées avec les partenaires sociaux ». Et si le principe de la prime modulable était retenu, comment seraient évalués les projets ? « Plusieurs scénarios sont possibles. »

« Agence »

Cela rappelle un autre pan du programme d’Emmanuel Macron : durant la campagne, son entourage avait dit vouloir mettre en place [[https://www.lesechos.fr/02/03/2017/lesechos.fr/0211846290193_autonomie–evaluation—les-clefs-de-macron-pour-changer-l-ecole.htm]] . Conçue comme un outil de « transformation » de l’école, elle devait introduire une nouvelle « culture de l’évaluation », chaque collège et lycée devant faire l’objet d’un diagnostic tous les trois ans, portant sur l’ensemble des missions de l’établissement. « Cette agence d’évaluation est une possibilité, il y en a d’autres », précise-t-on au ministère.

Comme, par exemple, conditionner le versement de la prime – ou son montant – au fait de rester plusieurs années dans un établissement. « L’objectif est de mesurer la difficulté des personnels et enseignants [exerçant en REP +, NDLR] », affirme-t-on au ministère, mais aussi de « limiter » des changements d’équipes pédagogiques « très fréquents et pas bons pour les élèves », tout en « attirant des enseignants confirmés ».

Si tous les scénarios sont sur la table, qu’en est-il de l’idée d’un versement automatique des 3.000 euros sans condition ? « Au final de la négociation, on arrivera peut-être à ce scénario, mais ce n’est clairement pas la direction que le ministre a donnée dans ses différents propos relatifs à cette prime », glisse-t-on dans l’entourage de Jean-Michel Blanquer.

Premier versement en 2019

Les 3.000 euros viendront s’ajouter à la prime de 2.315 euros créée sous le quinquennat précédent. Toutes les personnes éligibles le seront à partir de septembre 2018. Mais elles ne commenceront à la toucher, à hauteur de 1.000 euros, qu’en 2019 – avec effet rétroactif. Le déploiement complet se fera « probablement d’ici à 2020 », selon le ministère.

Les bénéficiaires seraient les 40.000 enseignants de REP + ainsi que l’ensemble des personnels, y compris les chefs d’établissement et directeurs d’écoles. Les assistants d’éducation (AED) – qu’on appelait autrefois les surveillants – en seraient toutefois exclus.

Marie-Christine CORBIER Les Echos

 

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