Les promoteurs des langues régionales poursuivent leur combat pour que l’enseignement de l’alsacien ne soit pas sacrifié et ne pâtisse pas du manque d’enseignants.
La fédération des langues régionales germaniques de France en Alsace, Moselle germanophone et Flandre s’est penchée récemment sur le manque d’enseignants germanophones, côté français, le long du Rhin. Réunie en assemblée générale à Colmar, l’association présidée par Monique Matter accueil-lait des membres venus de la région de Dunkerque. Ceux-ci sont particulièrement actifs dans les Flandres françaises, secteur pour lequel ils revendiquent l’enseignement du dialecte régional dont l’expression écrite est le néerlandais standard.
Cette langue compte 24 millions de locuteurs dont 250 000 dans l’Hexagone. Leur projet, qui s’inspire de ce qui se fait en Alsace, devrait aboutir lors de la rentrée de septembre avec le démarrage de plusieurs classes bilingues de premier niveau dans le périmètre académique.
Le réservoir alsacien
Côté alsacien, c’est le manque de professeurs des écoles bilingues qui pose problème et en posera sans doute davantage dans les années à venir. « Nous n’avons pas assez de personnes qualifiées pour pourvoir les 600 équivalents temps plein, c’est-à-dire 1 000 postes dans le premier degré. Notre réservoir n’est plus chez nous » , s’accordent à dire les « spécialistes » de la fédération. Ce potentiel d’enseignants bilingues, ils le situent de l’autre côté de la frontière, parmi les germanophones natifs. Dès lors, pour que ce personnel puisse enseigner en France, il faudrait aussi que le diplôme de professeur des écoles bilingue leur soit davantage accessible – c’est-à-dire que plusieurs épreuves non linguistiques puissent être passées aussi dans la langue de Goethe.
Même scénario ou presque à l’échelon du second degré, où il manque des professionnels capables d’enseigner des disciplines hors linguistiques, en allemand, ce à quoi pourrait remédier le Capes bivalent. Toutefois, par rapport à 2015, le nombre d’élèves en classe bilingue a augmenté, en passant de 12 677 à 27 874 en primaire, de 1 801 à 5 033 au collège et de 611 à 1 424 au lycée.
J.-L. W. L'ALSACE du 28/05