Sarre – Coopération transfrontalière

Faire la première région bilingue

La dynamique ministre-présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU), élue en 2011, veut faire de son petit Land la première région bilingue outre-Rhin.Mercredi dernier, elle a détaillé sa « stratégie France » à la maison de la Région Alsace.

    Y a-t-il beaucoup de jeunes Français qui viennent se former en Sarre ?

    Nous accueillons de jeunes Lorrains proches de la frontière. Pour le moment, ils sont très peu nombreux. Mais l’accord-cadre entre la Lorraine et la Sarre ne date que de l’année dernière. Et malheureusement, en terme de prise en charge, il n’est pas aussi généreux que l’accord du côté alsacien au niveau du Rhin Supérieur. Certes, le chemin est long, car la formation en alternance n’est pas connue de beaucoup de jeunes et de leurs parents en France. C’est pourquoi il faut l’expliquer patiemment.

    À la rentrée 2015, nous créerons une section franco-allemande entre le centre de formation professionnelle de Sankt-Ingbert, à 20 km de Sarrebruck, et le lycée André-Citroën de Marly-Metz pour les métiers liés à l’automobile. Notre but est de créer un réseau de lycées professionnels franco-allemands.

    La France réduit le nombre de ses régions de 22 à 13, attachant l’Alsace à la Lorraine et à Champagne-Ardenne. Pourquoi la petite Sarre ne fusionne-t-elle pas avec la Rhénanie-Palatinat ?

    Les Länder ne sont pas comparables avec les régions françaises. Nous sommes davantage que des unités administratives, nous disposons d’une certaine souveraineté. Les Länder se définissent avec fierté comme étant les berceaux de l’Allemagne fédérale ! L’Allemagne n’est pas un État centralisateur. L’essentiel n’est pas la taille d’une région, mais les compétences dont elle dispose.

    Lors d’un Forum sur l’Europe à Genshagen près de Berlin (DNA du 30 novembre), vous avez plaidé pour une plus grande marge de manœuvre des régions transfrontalières…

    Si l’on veut que les gens adhèrent à un territoire frontalier, il est primordial que le vivre ensemble à travers la frontière fonctionne vraiment au quotidien. Plus ça marche au jour le jour, plus ça constitue un attrait pour une Europe commune. Les gens veulent vivre en sécurité, être protégés par une police habilitée à agir à travers la frontière.

    Ils aspirent à une couverture santé optimale, veulent pouvoir choisir l’hôpital le plus proche, peu importe dans quel pays il se trouve. C’est pourquoi les infrastructures doivent être organisées de manière transfrontalière. Qu’on nous accorde une marge de manœuvre plus grande dans ces domaines ! La même chose est vraie pour la coopération économique, pour des installations d’entreprises et pour l’organisation commune de formations.

    Pour la première fois en Allemagne, ceux qui entament des études à une université sont plus nombreux que les apprentis débutants. L’apprentissage est-il devenu une fin de série ?

    Non, pas du tout ! L’apprentissage occupe toujours une place de choix en Allemagne, la formation en alternance s’est même élargie à des études en alternance pour répondre aux exigences de certains métiers.

    La pièce maîtresse de la formation reste pour nous la formation en alternance. Le débat actuel en Europe nous conforte dans l’idée que ce modèle peut aider à combattre le chômage des jeunes.

    Vous verrez-vous un jour prendre la succession d’Angela Merkel ?

    (Elle éclate de rire). Je ne m’attendais pas à ce qu’un journal français m’interroge aussi là-dessus. La question ne se pose pas, car je suis fermement convaincue qu’Angela Merkel se représentera lors des prochaines législatives et c’est une très bonne chose.

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