Apprentissage precoce des langues

« L’apprentissage précoce d’une langue prédispose à en apprendre d’autres »

Une délégation académique a visité hier quatre établissements scolaires de Bischheim, en s’intéressant aux « priorités » que sont le bilinguisme et la scolarisation des moins de 3 ans.

Jacques-Pierre Gougeon entend être un « recteur de terrain » et c’est dans cet état d’esprit qu’il a visité hier, avec une équipe de l’académie ainsi que des élus, quatre établissements scolaires à Bischheim, de la maternelle au lycée. De l’un à l’autre, deux fils rouges constituant des priorités régionales : l’enseignement du bilinguisme, auquel le rectorat de Strasbourg consacre 21M€ par an, et la scolarisation des moins de 3 ans dans l’éducation prioritaire, qui pèse 23 M€.

Avec les petits de la maternelle du Centre, comme ensuite devant les élèves en Abibac au lycée Marc-Bloch, le recteur d’académie, qui est germaniste, a trouvé « tout à fait essentiel » d’entendre parler l’allemand dès le plus jeune âge. « L’apprentissage précoce d’une langue prédispose à en apprendre d’autre s, a-t-il répété. Ensuite, en 6e , 59 % apprennent aussi l’anglais et, au lycée, 16 % choisissent une troisième langue vivante, contre 7 % au niveau national. » D’ailleurs, les ouvertures de classes ou sections bilingues devraient se poursuivre, la continuité de l’enseignement pouvant aussi passer par des classes européennes « qui seront développées ».

0 % des enfants du cursus bilingue sont issus de classes socioprofessionnelles favorisées et si l’école du Centre présente une « mixité sociale » , elle n’est pas inscrite dans un réseau d’éducation prioritaire (REP), comme la maternelle Lauchacker où la délégation s’est ensuite rendue. Sous l’œil amusé des adultes, une ribambelle de tout petits, d’à peine plus de 2 ans, sont entrés en chantant, puis ont pris place pour différentes activités pédagogiques, notamment de langage. Sur les 20 élèves que compte la classe, la moitié ne parlait pas français à la rentrée. Dans le quartier, 57 % des moins de 3 ans sont désormais scolarisés et la maternelle Lauchacker compte une liste d’attente, « ce qui prouve que les familles ont pris conscience que l’école leur apporte quelque chose » , a relevé le recteur.

Une scolarisation précoce qui concerne désormais 37 % des enfants des écoles de REP, un taux supérieur à la moyenne nationale. Une autre forme d’aide aux plus fragiles porte sur la liaison entre le CM2 et la 6e qui, si elle est mal vécue, peut être « synonyme d’échec scolaire ». Au centre de documentation du collège Lamartine, un judicieux projet autour de la lecture associe ainsi, en collaboration avec l’école voisine Les Prunelliers, des élèves de ces deux niveaux.

À Lamartine toujours ont été présentés un dispositif innovant de prévention du décrochage scolaire, ou encore un atelier cinéma, qui s’inscrit dans un « parcours d’éducation artistique », ou « pôle d’excellence », intéressant tous les établissements du réseau. Ce projet d’envergure pourrait d’ailleurs évoluer, compte tenu des récentes évolutions de la carte de l’éducation prioritaire dans le secteur.

L’ALSACE du 14/02/2015

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