Comment passer son brevet ou son bac quand on est dyslexique

Ce trouble de l’apprentissage touche 3 à 5% des enfants. Depuis la loi de 2005, des mesures ont été mises en place pour aider ces jeunes à passer le brevet et le bac, lors d’épreuves aménagées.

Dyslexie, dyspraxie, dyscalculie…Ces troubles cognitifs concernent des millers d’élèves. Le 10 octobre (10/10), la Fédération Française des DYS (FFDYS) organise à Paris la Journée Nationale des DYS. Elle rassemble tous les ans plus de 10 000 personnes, thérapeutes, familles, enseignants et politiques, pour valoriser la reconnaissance et l’insertion des porteurs de ces troubles.

 

Le plus répandu d’entre eux, la dyslexie, touche entre 3 et 5 % des enfants, selon une étude de l’Inserm. Ce trouble spécifique des apprentissages se caractérise par une perturbation des mécanismes d’acquisition du langage écrit. Les patients peinent à mémoriser la forme visuelle des mots et à les reconnaître dans leur globalité. Cette déficience entraîne une grande difficulté pour lire mais aussi pour intégrer l’orthographe. La dyslexie pénalise fortement les élèves pendant leur scolarité.

Pour remédier à ces difficultés lors des examens, il existe des aménagements garantis par la loi du 11 février 2005. Capucine s’est par exemple servie d’un ordinateur pour avoir un correcteur d’orthographe et de grammaire. Comme Hugo, elle a aussi disposé d’un tiers-temps pour le baccalauréat, c’est-à-dire 30% de temps supplémentaire lors des examens. «Lors des épreuves, je suis resté jusqu’au bout», raconte le jeune homme. «En lisant les sujets dans la précipitation, le risque est d’oublier des mots et de répondre de travers».

Des aménagements difficiles à obtenir

Si cet aménagement est d’une grande utilité, il est aussi difficile à obtenir. «J’ai passé le brevet sans faire la demande à cause de la lourdeur administrative de la démarche», raconte Hugo. Il faut obtenir l’attestation d’un orthophoniste, qui n’est valable que deux ans, pour ensuite faire la demande auprès de l’Éducation nationale. «J’ai tenté la procédure pour le bac, mais mon dossier a d’abord été refusé», explique Hugo. «Je n’ai pas compris, car j’avais pourtant été suivi longtemps». Il a réitéré sa demande qui a finalement été acceptée. Chaque année, de nombreux élèves pâtissent de cette situation.

Un gros investissement personnel

Et même avec des aménagements, la scolarité reste difficile, laborieuse. Hugo a appris dès la classe de CP qu’il était atteint de ce trouble. «J’inversais les lettres qui se ressemblent comme le b et le p, j’avais beaucoup de mal à lire et j’étais nul en orthographe». Toutes les semaines jusqu’en classe de 5ème, Hugo s’est fait aider d’une orthophoniste. Pour se préparer aux épreuves, il faut aussi accepter de réviser plus longtemps que les autres. «C’est aussi plus fatigant, je pense, avec des résultats qui ne suivent pas toujours», confie Hugo. Capucine, qui avait témoigné pour le Figaro étudiant avant de passer son bac en 2016, racontait qu’elle devait travailler tous les soirs de 17 heures à 23 heures.

« J’avais déjà du mal avec ma propre langue, alors en apprendre deux nouvelles était très compliqué»Hugo

Certaines matières causent plus de problèmes, comme le français ou l’histoire. Pour Hugo, le plus dur était l’apprentissage de l’anglais et de l’allemand. «J’avais déjà du mal avec ma propre langue, alors en apprendre deux nouvelles était très compliqué», se souvient-il. Il a d’ailleurs choisi un bac scientifique pour éviter au maximum les épreuves de rédaction. Capucine a évité l’anglais et s’est tournée vers des langues proches du français pour le bac: espagnol en LV1 et portugais en LV2.


Brevet et bac: les aménagements possibles en cas de dyslexie

Pour obtenir un aménagement de la scolarité et des épreuves du brevet et du bac, la famille devra contacter le chef d’établissement, le médecin scolaire, l’enseignement référent handicap de l’établissement (demandez au chef d’établissement), et la Maison départementale des personnes handicapées. Les aménagements possibles sont variables selon la gravité du handicap.

-Une majoration du temps imparti pour une ou plusieurs épreuves, qui ne peut excéder le tiers du temps normalement prévu pour chacune d’elles. Cette majoration peut cependant être allongée en cas de situation exceptionnelle, sur demande motivée du médecin désigné par la CDAPH (Commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapées).

-Les conditions de déroulement des épreuves, pour bénéficier de conditions matérielles (utilisation de photocopies ou d’ordinateurs pour la prise de notes), d’aides techniques ou humaines, appropriées à la situation.

-La conservation, pendant 5 ans, des notes aux épreuves ou des unités obtenues à l’un des examens, ainsi que le bénéfice d’acquis obtenus dans le cadre de la procédure de validation des acquis de l’expérience.

-La possibilité depuis 2013, de demander à passer les épreuves de langues uniquement à l’oral.

-L’étalement du passage des épreuves sur plusieurs sessions.

-Des adaptations d’épreuves ou des dispenses d’épreuves, rendues nécessaires par certaines situations de handicap.

Plus d’infos: Fondation dyslexie

etudiant.lefigaro.fr  Camille Lecuit

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