Monde associatif :«Réagir vite et fort»

Refusant une réduction de l’enseignement de l’allemand en classe bilingue, une dizaine d’associations alsaciennes (*) ont décidé d’unir leurs efforts pour pousser le rectorat à revoir sa copie. Un appel à la mobilisation est lancé.

« Ce n’est pas si souvent que nous assistons à une telle mobilisation de nos associations et à une réaction si homogène », remarque Christian Fröhliecher, président d’Eltern Alsace, avant d’expliquer, en compagnie de neuf autres associations qui défendent le bilinguisme en Alsace, les raisons d’une telle mobilisation.

En proposant d’expérimenter, en 2012 dans quelques classes du premier degré, un nouveau dispositif bilingue comprenant un tiers d’enseignement en allemand et deux tiers en français, au lieu des 12 heures en allemand et 12 heures en français (DNA du 16 juin), le recteur de l’académie de Strasbourg, Armande Le Pellec Muller, aurait « rompu le pacte » sans concertation. « Même si en volume, les changements sont peu importants, cette mesure insidieuse prépare le démantèlement de la voie paritaire pour des raisons fallacieuses », affirme Christian Fröhliecher. Puis d’annoncer : « Nous voulons réagir vite et fort et ne pas lâcher le morceau ».

Pressions sur le rectorat et les élus

Réunis hier matin dans les locaux strasbourgeois de la société d’avocats Ernst & Young, les représentants associatifs demandent au recteur « la suspension immédiate » ou plutôt « l’annulation » du nouveau dispositif et « une concertation » avec l’ensemble des associations engagées dans la promotion de l’enseignement bilingue. Un thème qui doit justement faire l’objet d’un débat le 5 juillet prochain au rectorat avec les associations de parents d’élèves.

En attendant, histoire de faire monter la pression, les défenseurs du bilinguisme ont décidé de mettre en ligne, à partir d’aujourd’hui, une pétition en ligne (Pour signer la pétition : cliquez ICI). « Nous demandons aux élèves et aux parents de réagir directement auprès des instances et nous lançons un appel aux politiques pour qu’ils mettent en accord leurs actes et leurs paroles en faveur du bilinguisme en Alsace ».

Gérard Cronenberger, vice-président du Comité fédéral des associations d’Alsace-Lorraine pour la promotion de la langue régionale, reproche plus précisément aux présidents de la Région Alsace et des conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, qui sont tous trois liés à l’Éducation nationale, d’avoir « aveuglément suivi ce que propose le rectorat… On parle d’un conseil unique en Alsace. Aujourd’hui, c’est l’examen de passage du Conseil d’Alsace et de ses compétences futures ».

« Examen de passage du futur Conseil d’Alsace »

Si le président de l’APEPA Thierry Loth, estime que le recteur « va revoir sa copie », Jean-Marie Woehrling, président de Culture et bilinguisme, assure que les associations ne font pas de cette remise en cause de la voie paritaire « un problème de personne. L’institution n’est pas capable de prendre en charge cette demande forte ». Le manque de professeurs d’allemand pourrait être techniquement résolu avec une plus grande volonté politique.

La voie paritaire est « le minimum pour l’apprentissage de l’allemand. Nous sommes sur la ligne de flottaison. Il ne faut pas aller au dessous, sinon tout le système capote », assure Jean-Marie Woehrling. « Déjà pratiqué par le passé en Alsace, les six heures d’enseignement en allemand ont fait la preuve que ce dispositif ne marchait pas », rappelle le représentant de Lehrer.

Débat au sénat

Dans tous les cas, ce projet du rectorat résonne comme un coup de tonnerre qui a été entendu aux quatre coins de la France, au Pays-Basque, mais aussi en Bretagne. Ancien conseiller général du Finistère, André Le Gac était, hier, aux côtés de ses amis alsaciens. Ce défenseur de la langue bretonne se demande si les autres régions de France, qui ont développé un bilinguisme régional, ne seront pas à leur tour touchées par les restrictions de l’Éducation nationale. L’Alsace ayant pu servir de terrain d’essai.

La discussion le 30 juin prochain au sénat de la proposition de loi sur la promotion des langues et cultures régionales pourrait prendre des allures de combat.

Pour signer la pétition : cliquez ICI

DNA. JEAN-FRANÇOIS CLERC

(*) Les associations : Eltern, Lehrer, ABCM-Zweisprachigkeit, Comité fédéral, René Schickele-Gesellschaft/Culture et bilinguisme d’Alsace et de Moselle, AEPLAL, APEPA, ICA 2000, Société des Amis de la Culture bilingue en Alsace, Heimetsproch un Tradition

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