Bilinguisme Les associations d’une seule voix contre le projet du recteur

Le collectif hier, à Strasbourg : « Une telle mobilisation ne s’est pas produite souvent », a estimé Claude Froelicher, président d’Eltern (debout).Photo Jean-Marc Loos
Le collectif hier, à Strasbourg : « Une telle mobilisation ne s’est pas produite souvent », a estimé Claude Froelicher, président d’Eltern (debout).Photo Jean-Marc Loos

Après s’être exprimées en ordre dispersé, les principales associations qui militent pour l’enseignement de l’allemand et la préservation de l’association ont créé un collectif de fait.

Ce n’est évidemment pas par hasard, ni parce que la tour Europe de la place des Halles se situe près… du rectorat que les associations pour le bilinguisme s’étaient donné rendez-vous hier, au siège strasbourgeois d’Ernst & Young.

D’entrée, Claude Froelicher, président d’Eltern, invitait à y voir l’illustration qu’on n’était pas, ici, entre « gentils illuminés ». L’un des associés de l’importante société de conseil est d’ailleurs venu expliquer que « les sujets de croissance de demain » s’articulent tous autour de connexions du type Bâle-Lörrach et Mulhouse ou Colmar et Freiburg, ou encore Luxembourg-Sarrebrück-Lorraine nord, sur des profils d’acteurs « qui allient une bonne connaissance de la langue et de la culture allemandes ».

Le ton était donné à une conférence de presse destinée à montrer l’unanimité d’une opposition au projet, fût-il expérimental, du recteur de modifier la structure de l’enseignement bilingue paritaire. « Une telle mobilisation ne s’est pas produite souvent », a constaté le président d’Eltern, dont le site internet (*) proposera dès aujourd’hui (mais les autres suivront) une pétition commune contre « la rupture du pacte [autour de l’enseignement bilingue paritaire], sans aucune concertation, sans qu’aucune association n’ait été présente ». « Il faut, tous, réagir vite et fort et ne pas lâcher le morceau », a jugé Claude Froelicher.

Tous les arguments développés tout au long des tribunes diffusées ces derniers jours (lire notamment L’Alsace des 18, 22 et 23 juin) ont été répétés, avec la force de l’unité. Claude Froelicher a rappelé l’objectif : « Suspension de la mesure, et que le recteur propose un plan de concertation. »

Ce collectif de fait entend aussi maintenir une pression forte sur les élus, à l’instar de Jean-Pierre Woehrling, président de Culture et bilinguisme d’Alsace et de Moselle, qui a estimé : « Autant que l’institution, qui ne prend pas en compte une demande forte de la région, ce sont nos élus qui sont interrogés. C’est à eux de dire que leur signature doit être respectée. » Quant au « conseil unique d’Alsace », sur lesquels ils planchent, Jean-Pierre Woehrling a prévenu que « c’est son examen de passage ».

Rappelant qu’il ne reste d’ores et déjà « que quelques centaines d’enfants dialectophones en petite section de maternelle », Pierre Klein, président d’Initiatives citoyennes alsaciennes (ICA), a élargi le débat en rappelant la nécessité, enfin, d’une loi sur l’enseignement des langues, dans la foulée du débat qui s’annonce sur ce sujet au Sénat. Au chœur alsacien s’était même joint un Breton, André Le Gac, longtemps responsable du dossier de la langue bretonne au conseil général du Finistère, venu en soutien et pour souligner la crainte que ces mesures de réduction de l’enseignement des langues régionales ne participent d’un plan concerté national, l’Alsace étant considérée comme un banc d’essai.

Rappelant les deux prochains rendez-vous importants où le sujet pourrait être abordé, à savoir les réunions du Caen (Conseil académique de l’Éducation nationale) du 28 juin et du 5 juillet, où le recteur recevra les associations « reconnues » de parents d’élèves, Thierry Loth, président de l’Apepa (association des parents d’élèves de l’enseignement public en Alsace) a suggéré qu’ « il serait bon qu’ABCM et Eltern y soient associés et que le recteur profite de l’occasion pour annoncer le retrait » de l’expérimentation décriée. Il s’est d’ailleurs déclaré « assez optimiste » sur le sujet car, estime-t-il, « le recteur a été très mal conseillé et a fait une mauvaise analyse. C’est une personne intelligente qui va revoir sa copie… »

LIRE Notre page Dialogue, à paraître demain, contiendra plusieurs réactions de lecteurs sur ce sujet.

Pour signer la pétition : cliquez ICI

le 24/06/2011 à 00:00 par Luc Marck

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