Quelle place pour les mathématiques après la réforme du lycée ?

Sortie des matières du tronc commun à la rentrée 2019, la discipline continue d’être considérée comme incontournable, lors des choix d’orientation.

Existe-t-il une juste place pour les mathématiques dans notre système éducatif ? Erigées en discipline reine, survalorisées dans le cadre de la filière S, les mathématiques se voient bousculées par la réforme du lycée. A compter de la rentrée 2019, un lycéen peut faire le choix d’abandonner son apprentissage après la classe de seconde. C’était déjà possible, mais seulement pour environ 15 % des jeunes de la voie générale, qui se dirigeaient vers la filière L en écartant l’option maths.Le gouvernement fait le pari d’ouvrir plus largement la palette des choix, en effaçant les trois filières (S, ES et L) au profit d’un menu de spécialités à confectionner par les élèves eux-mêmes. Dans ce nouveau schéma, les maths n’ont pas de traitement de faveur : elles y figurent au même titre que douze autres matières, parmi lesquelles les lycéens devront en retenir trois en classe de première, deux en terminale. Pour les enseignants, un virage est pris, puisque leur discipline n’est pas inscrite en tant que telle dans le tronc commun d’enseignements dispensés à tous. Il n’empêche : elle est incluse dans un « enseignement scientifique » plus large rendu, lui, obligatoire.

« Les mathématiques sont la seule discipline présente à chacun des étages de la réforme, selon le degré d’approfondissement souhaité, avec des parcours désormais personnalisés, défend le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, contacté mercredi 13 mars à la veille d’un déplacement dans le cadre de la semaine des mathématiques. Les jeunes matheux les plus mordus pourront faire plus de maths, quand d’autres pourront se satisfaire de la démarche plus inductive de l’enseignement scientifique. »

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« Zone grise »

Pourtant, sur le terrain, la logique de ce « choix de cœur » des lycéens semble avoir du mal à s’imposer face aux contraintes de l’orientation, où, dans les esprits, les maths sont toujours vues comme prépondérantes. Les premières remontées faites par les établissements en attestent : entre la moitié et les trois quarts des lycéens de seconde envisagent déjà de prendre cet enseignement de spécialité, d’après les estimations des proviseurs du SNPDEN-UNSA. L’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (APMEP) fait, elle, état de quelque 75 % d’élèves prêts à faire ce choix. « C’est là l’expression du désir des jeunes », espère le ministre Blanquer, même s’il n’exclut pas que ce choix soit aussi guidé par un « souci de sécurité ».

lemonde.fr Rafaële Rivais

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