Réforme du bac : comment vont se dérouler les épreuves communes de contrôle continu ?


Les informations étaient attendues de pied ferme par les enseignants, élèves et parents. Alors que la réforme du lycée est entrée en vigueur à la rentrée pour les élèves de première, les nouvelles épreuves communes de contrôle continu (E3C pour les intimes) restaient, jusqu’à début octobre, entourées d’un brouillard de mystère. Il aura suffi d’un petit coup de pression du Snes-FSU (syndicat majoritaire du secondaire) pour que le ministère de l’Education nationale clarifie les modalités. Auprès de France Info, le syndicat appelait mercredi à l’annulation de la session de janvier, dénonçant «un niveau inédit d’impréparation». Ces nouveaux éléments n’ont toutefois pas suffi à calmer leurs inquiétudes. Le syndicat campe sur sa position, accusant le ministère de faire «exploser le bac».

Ces E3C, réparties en trois sessions en première et en terminale, comptent pour 30% de la note finale du bac nouvelle mouture. Les trois épreuves finales écrites (deux de spécialités et une de philosophie) ainsi que le «grand oral» de vingt minutes compteront pour 60% de cette note. Les bulletins scolaires de première et de terminale compléteront les 10% restants. L’instauration d’une part non négligeable de contrôle continu est vivement critiquée par de nombreux enseignants et syndicats qui dénoncent l’instauration d’un bac local. Ce principe d’évaluation permanente, mettant la pression sur les élèves comme les profs, est également pointé du doigt.

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Quand auront lieu ces épreuves et sur quoi porteront-elles ?

L’inquiétude de la communauté éducative concernant ces épreuves est à mettre en perspective avec le calendrier. La première série d’épreuves communes doit avoir lieu entre janvier et mi-mars 2020 au plus tard. Et les modalités de ces dernières viennent seulement d’être précisées. Une mise en œuvre au pas de course à l’image de toute cette réforme.

Durant cette première session, les élèves de première plancheront sur l’histoire-géo, les langues vivantes A et B ainsi que, pour la voie technologique, les maths. La deuxième série aura lieu entre avril et la mi-juin sur les mêmes matières. A cette période, les lycéens devront aussi passer l’épreuve de contrôle continu sur l’enseignement de spécialité qu’ils ne conserveront pas en terminale et sur l’enseignement scientifique de la voie générale. La troisième et dernière période aura lieu au dernier trimestre de terminale, entre mai et juin pour l’histoire-géo, les langues vivantes A et B, l’enseignement scientifique pour la voie générale ainsi que les maths pour la voie techno.

Comment seront choisis et élaborés les sujets ?

Dans la problématique de conserver un bac national, le choix et l’élaboration des sujets est un sujet central. Ces derniers seront piochés dans une banque nationale de sujets. En amont, ils seront élaborés par «des groupes disciplinaires composés par des inspecteurs pédagogiques régionaux et des professeurs sous la conduite de l’inspection générale», précise le ministère dans un document explicatif. Ces groupes auront la charge de concevoir divers sujets de niveau équivalent sur différentes parties des programmes pour «garantir l’égalité de traitement des candidats». Un moyen de correspondre aux différentes progressions pédagogiques. Dès qu’un sujet aura été utilisé à un nombre important de reprises – le ministère ne précise pas de seuil – il sera supprimé de cette banque.

Les sujets seront ensuite sélectionnés par le chef d’établissement ou son adjoint parmi les propositions faites par l’équipe pédagogique. A savoir que les sujets de fin de première et terminale porteront sur l’ensemble du programme de l’année. Les élèves ne plancheront donc pas tous sur les mêmes sujets selon les lycées, provoquant une rupture d’égalité manifeste pour certains syndicats. Pour l’heure, les équipes pédagogiques n’ont pas accès à la banque de sujets, cette dernière ne sera accessible que le 1er décembre. Une ouverture tardive qui n’est pas sans renforcer les craintes dans les couloirs des lycées.

Est-ce que les sujets seront les mêmes pour toutes les classes ?

L’organisation est laissée à l’appréciation des établissements mais l’Education nationale note que «dans la mesure du possible, la composition sur le même sujet à la même date [et à la même heure, ndlr] doit être privilégiée». Dans le cas contraire, l’établissement doit choisir plusieurs sujets par classe ou par créneaux de convocation si ces dernières composent sur différents jours ou même différents horaires. Une latitude ne facilitant pas l’organisation interne du lycée puisque les créneaux d’épreuves ne seront pas banalisés pour les élèves de seconde et de terminale.

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Où et comment se dérouleront les épreuves ?

Les épreuves de deux heures (sauf pour les langues) se dérouleront au sein même du lycée ou dans un établissement proche en cas de mutualisation. Les élèves recevront une convocation individuelle au moins huit jours avant la date en question. Le ministère précise que les E3C doivent se dérouler «dans des conditions habituelles d’évaluation en cours de scolarité». Ainsi, la salle où les élèves composeront peut être en configuration de classe habituelle. Un prof de la classe ou tout autre personnel désigné pourra surveiller l’épreuve.

Lors du ramassage des copies, ces dernières seront numérisées – une nouveauté – via une application nommée Santorin pour les archiver et répartir les lots vers les correcteurs désignés. Les copies seront donc corrigées en ligne. Une pratique plus économique et censée être plus sécurisée qui inquiète certains syndicats sur la protection des données. Se pose aussi la question du matériel informatique mis à disposition pour ces corrections d’un nouveau genre.

Comment seront corrigées les copies ?

Autre point central, la correction. Les copies anonymes sont réparties de façon à ce que le professeur de l’élève concerné ne puisse pas la corriger. Elles peuvent être attribuées à d’autres profs que ceux du lycée, notamment lorsque l’établissement manque de correcteurs dans une discipline. Selon les cas, les enseignants pourraient corriger les copies par classe et par sujet retenu.

L’idée est aussi que les correcteurs n’aient «dans la mesure du possible pas à connaître plus de deux sujets différents». Autre spécificité, la banque nationale de sujets ne prévoit pas de corrigés. Les correcteurs devront suivre «les indications relatives aux barèmes mentionnées sur les sujets et aux éventuelles grilles d’évaluation prévues dans les définitions d’épreuves».

Quid de l’harmonisation des notes ?

Pour éviter «un éventuel effet “correcteur” ou “établissement”», une commission d’harmonisation, composées d’inspecteurs pédagogiques et de professeurs nommés chaque année par le recteur, se réunira à chaque période de contrôle continu. Comme dans le cas des épreuves finales du bac actuellement, «en cas de discordances manifestes», la commission se réserve le droit de modifier la notation d’un paquet de copies. La commission aura accès aux moyennes par sujet, par correcteur, ainsi qu’aux moyennes académiques par enseignement et à des alertes sur les écarts manifestes.

Une fois l’harmonisation passée, les copies seront accessibles aux candidats sur leur espace personnel et les copies papier sont archivées jusqu’à la fin de la session. Comme actuellement, le chef d’établissement ne peut recevoir aucune contestation de notes, les recours juridiques ne sont possibles qu’auprès du recteur.

Marlène Thomas Libération

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