Rattachement fiscal ou imposition séparée ?
Pour optimiser la fiscalité, le premier calcul à effectuer concerne la déclaration de revenus : faut-il opter pour le rattachement au foyer fiscal des parents ou faire une déclaration séparée ?
Dès lors qu’ils sont âgés de plus de 18 ans, vos enfants ne font, a priori, plus partie de votre foyer fiscal et deviennent imposables sous leur propre responsabilité. La réalité prouve qu’ils sont encore, à cet âge, loin d’être financièrement autonomes et restent à la charge de leurs parents. Pour prendre en compte ces situations, ils peuvent opter pour le rattachement au foyer fiscal de leurs parents. Peu importe qu’ils vivent sous le toit parental ou non.
RATTACHEMENT : des demi-parts en plus
Lorsque l’enfant choisit cette option, il permet à ses parents de bénéficier d’une demi-part de quotient familial, voire d’une part entière si le nombre d’enfants à charge est, du fait du rattachement, porté à trois ou plus.
Mais, si l’enfant a perçu des revenus, ceux-ci viennent grossir le revenu imposable du foyer fiscal.
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Enfants mineurs. Célibataires âgés de moins de 18 ans au 1er janvier de l’année d’imposition, ils sont considérés comme à charge et donc contribuent à l’augmentation du quotient familial.
S’ils perçoivent des revenus, ceux-ci sont imposables entre les mains des parents, sauf cas d’exonération. Aussi, dans certaines circonstances, si les revenus de l’enfant sont importants, il peut être judicieux, sur le plan fiscal, que celui-ci souscrive une déclaration séparée.
Enfants majeurs. Célibataires, ils constituent, en principe, un foyer fiscal distinct à compter de leur majorité. Ils doivent donc souscrire une déclaration en leur nom propre. Toutefois, il leur est possible de demander leur rattachement si certaines conditions sont remplies :
– avoir moins de 21 ans au 1er janvier de l’année d’imposition ;
– ou être âgé de moins de 25 ans à cette même date et justifier de la poursuite d’études.
En pratique, cette faculté d’option est la source de nombreuses interrogations pour les parents. Divers paramètres, tant au regard de l’impôt sur le revenu que de la taxe d’habitation ou d’éventuels avantages sociaux, doivent être pris en considération pour déterminer la solution la plus économique.
Majorité en cours d’année. L’année où l’enfant devient majeur, les parents peuvent encore le compter à charge, toute l’année, sans qu’il soit nécessaire pour lui de demander son rattachement. Mais s’il a perçu des revenus, il vaut mieux choisir la situation la plus avantageuse.
Enfants majeurs mariés. Un enfant marié ou lié par un PACS peut également, sous les mêmes conditions décrites ci-dessus, opter pour le rattachement au foyer de ses parents ou à celui de son conjoint.
Il n’est pas nécessaire que les deux époux remplissent cette condition, ni que le couple vive auprès du parent bénéficiaire.
Le rattachement vaut pour les deux membres du jeune couple. Il peut également être demandé par un enfant célibataire, veuf, divorcé ou séparé ayant lui-même un enfant à charge.
Demande de rattachement. L’option de rattachement doit formellement être demandée par l’enfant et acceptée par ses parents (ou celui qui le compte à charge en cas d’imposition séparée). Il faudra compléter le cadre ad hoc de la déclaration n° 2042 parentale en précisant le nom, la date et le lieu de naissance de l’enfant. Sa signature n’est pas requise.
La demande est annuelle et doit donc être renouvelée chaque année.
NDLR. Si le choix du rattachement a été mal évalué, il est possible de revenir sur sa décision par le biais d’un recours gracieux. Après examen d’une telle demande, l’administration pourra alors décider de procéder aux dégrèvements correspondants.
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IMPOSITION SÉPARÉE : une pension alimentaire à déduire
Continuer à vivre sous le toit de ses parents ne fait pas obstacle à une imposition séparée. De plus, le rattachement n’est pas toujours la bonne solution fiscale, notamment en cas de revenus de l’étudiant. Certes, les parents perdent une demi-part de quotient familial, mais ils peuvent déduire une pension alimentaire qui, parallèlement, est imposable, pour le même montant, chez l’enfant bénéficiaire. Le versement d’une telle pension peut couvrir la mise à disposition d’un logement à hauteur de la valeur locative et des charges locatives.
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Conditions à remplir. Deux conditions doivent être remplies : l’enfant ne doit pas être en mesure de subvenir à ses besoins ; le montant de la pension ne doit pas être excessif par rapport aux moyens financiers des parents. D’ailleurs, c’est à eux d’apporter la preuve que ces conditions sont remplies et de justifier du versement effectif des sommes correspondantes.
Déduction plafonnée. La déduction d’une pension alimentaire est limitée à un plafond : au titre des revenus 2006, la pension est déductible à hauteur de 5 495 €.
Enfants mariés : les parents de chaque conjoint du couple marié sont autorisés à déduire un montant maximum de 5 495 € (sans majoration si le couple a des enfants). Si seuls les parents d’un des conjoints participent à l’entretien du ménage et peuvent le justifier, le plafond de la pension déductible est de 10 990 €.
Parents isolés : le plafond est le même pour les parents contribuant seuls à l’entretien d’un enfant majeur célibataire, veuf ou divorcé chargé de famille.
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Hébergement parental. Dans le cas de parents hébergeant leur enfant (note explicative à joindre à la déclaration), les frais de logement et de nourriture sont pris en compte sous la forme d’un forfait de 3 162 €. Cela signifie qu’à hauteur de ce montant, il n’est pas nécessaire de justifier des dépenses engagées. En cas d’hébergement une partie de l’année, ce forfait est proratisé, tout mois entamé équivalant à un mois complet. Les autres dépenses (scolarité, soins, habillement…) retenues pour leur montant réel doivent être justifiées et ne peuvent donc excéder 2 333 € (5 495 € – 3 162 €). Il importe de conserver précieusement tous les justificatifs correspondants (factures, relevés de compte).
La bonne stratégie
On l’aura compris, opérer le meilleur choix fiscal en tenant compte de l’ensemble de ces éléments n’est pas chose aisée. Il faut, pour cela, faire des simulations chiffrées dans l’un et l’autre cas, qui seules permettront d’arbitrer à bon escient entre le rattachement et une imposition séparée avec la possibilité de déduire une pension. Il est important de noter que ce choix se pose dès l’année où l’enfant atteint sa majorité.
Simulations en ligne. Des calculettes sont disponibles sur notre site Internet (www.InteretsPrives.com) ou sur le site du Minefi (www.impots.gouv.fr). Elles permettent d’obtenir directement le montant de l’impôt dans chaque hypothèse.
Il faut ensuite prendre en compte les autres paramètres, tels que la taxe d’habitation pour déterminer le coût fiscal total pour le jeune et ses parents.
Le choix du rattachement peut être différent d’un enfant à l’autre ou d’une année sur l’autre en fonction, notamment, de l’évolution des revenus des parents et de l’étudiant.
Comment déclarer les revenus de vos enfants ? | |||
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Situation de l’enfant en 2006 | Ses revenus doivent être déclarés… | Option possible | Conséquences de l’option |
Célibataire de moins de 18 ans | avec vos revenus | imposition distincte de ses revenus personnels | perte de la demi-part (1) déduction possible d’une aide alimentaire revenu imposable des parents diminué de celui de l’enfant |
Célibataire de 18 ans | avec les vôtres du 1er janvier 2006 à son 18e anniversaire séparément du 18e anniversaire au 31 décembre |
soit imposition distincte soit rattachement à votre déclaration |
pour l’imposition distincte, se reporter ci-dessus pour le rattachement, se reporter ci-dessous |
Célibataire de 19 à 21 ans (25 ans si étudiant) | séparément | rattachement à votre déclaration | droit à une demi-part (1) obligation de rajouter ses revenus personnels aux vôtres |
Marié (2) (ou célibataire chargé de famille) de 19 à 21 ans (25 ans si étudiant) | séparément | rattachement à votre déclaration | abattement de 5495 € par enfant et petit-enfant rattaché obligation de rajouter leurs revenus personnels aux vôtres |
(1) Ou d’une part entière pour les foyers de plus de deux enfants. (2) En cas de mariage en 2006. |