« La tentation de tirer la couverture à soi »

L’initiative du préfet de renvoyer la question des fermetures de classes à des commissions de proximité (avec les élus) suscite des craintes chez les acteurs habituels du débat scolaire.

Juste avant la pause des vacances d’hiver, qui ont commencé hier soir, la préparation houleuse de la carte scolaire ( L’Alsace de mercredi et jeudi), continue d’alimenter commentaires et réactions. Ils sont le fait à la fois du terrain, où les décisions imposées par l’administration sont loin d’avoir satisfait tout le monde, et des organisations représentatives.

Partie prenante de la réunion historique du CDEN, mardi soir, où, avec la quasi-unanimité des présents, elle a rejeté les conclusions de l’inspection d’académie, la FSU revient ainsi sur la décision du préfet de « ramener les élus dans le droit chemin » en renvoyant la suite du débat ouvertures-fermetures de classes à des commissions ad hoc autour des sous-préfets : « Si, comme nous le redoutons, ces ‘‘commissions’’ deviennent une foire d’empoigne où le seul enjeu porterait sur la meilleure manière de déshabiller Pierre pour habiller Paul. […] M. le préfet n’ajouterait qu’une manœuvre autoritaire de plus », écrit la Fédération syndicale unitaire. Il en irait évidemment autrement si le préfet réussissait à « favoriser un débat à petite échelle, […] en accord avec la mobilisation et les revendications »… De manière générale, la FSU note que « conseil général, mairie de Mulhouse et autres collectivités », qui se sont exprimées contre les fermetures de classes et suppressions de postes, ont du coup manifesté « contre leur majorité politique qui vote les budgets de casse ». Suivant en cela un mot d’ordre également repris par le collectif « Un pays, une école, notre avenir », la FSU réclame, pour sa part, « un collectif budgétaire permettant d’annuler toutes les mesures malthusiennes et ce faisant d’assurer une bonne rentrée 2012 ».

« Collectif budgétaire »

Sur la même ligne offensive contre la carte scolaire version IA 68, avec le Sgen-CFDT et la FSU, l’Apepa « salue » la mesure annoncée par le préfet du Haut-Rhin de lancer une concertation, partout où les fermetures étaient annoncées. L’Association des parents de l’enseignement public en Alsace demande que cette concertation s’établisse, notamment, en tenant compte des « critères de zone rurale », « de l’évolu- tion des effectifs sur les deux ou trois prochaines années, afin d’éviter les désorganisations successives inutiles dans les RPI et dans les communes urbaines », de l’application de « la règle d’ouverture et de fermeture à 28, y compris en maternelle, ou inférieure en zone rurale et petites écoles », ainsi que du « maintien d’un minima de structures Rased ».

La Peep, seule organisation à ne pas avoir voté contre les propositions de l’inspection d’académie, se justifie en mettant en avant sa volonté de privilégier « le pragmatisme, la concertation, le dialogue, la force de proposition ».

« Limites dépassées »

Elle déplore aussi l’ambiance dans laquelle s’est tenu le CDEN du Haut-Rhin (allusion aux diatribes d’un certain nombre d’élus présents) : « Les limites acceptables en termes de courtoisie et de respect dû aux personnes et aux fonctions ont été dépassées ». Du coup, la Peep adhère également à l’idée du préfet, estimant que « le dialogue et la concertation sur le terrain peuvent contribuer, en s’appuyant sur les élus de proximité, à dédramatiser certaines situations et favoriser une meilleure utilisation des moyens par une organisation au besoin innovante ». La fédération dit cependant craindre que cette concertation ne génère « de faux espoirs auprès des parents et sa conséquence inéluctable, une déception exacerbée ». « Et surtout, ajoute la Peep, la tentation pour chaque élu de tirer la couverture à soi… »

Il convient de préciser qu’Alphonse Hartmann, conseiller général du canton d’Altkirch, ne figurait pas au nombre des trois élus qui se sont abstenus lors du vote du conseil général, le 17 février, d’une motion condamnant le projet académique de carte scolaire dans le Haut-Rhin ( L’Alsace du 21 février). Absent, ce dernier avait en effet donné procuration à un collègue, qui a voté, en son nom, pour le texte.

le 25/02/2012 à 05:00 par Luc Marck

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