Cette fois, c’est fait. Les classes bilangues telles qu’elles existaient avant la réforme du collège sont rétablies. Un arrêté , publié au “Journal officiel” le 18 juin, permet aux établissements qui le souhaitent de rétablir classes bilangues et options latin et grec telles qu’elles existaient avant la réforme de 2016. Cette dernière, conduite par l’ex-ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, avait suscité crispations et critiques, et provoqué l’inquiétude de l’Allemagne autour des classes bilangues.
Dans la foulée de son élection, le 15 mai, depuis Berlin, Emmanuel Macron s’était d’ailleurs engagé à les « restaurer » à partir de septembre. Selon l’arrêté publié ce week-end, les possibilités de le faire entreront en vigueur à la rentrée. Le texte offre aux établissements la possibilité de les rétablir ou non, sans les contraindre donc à le faire.
Maintien des deux langues dès la cinquième
Les collèges pourront ainsi proposer une seconde langue vivante en classe de sixième, à raison de deux heures par semaine. La réforme menée par le précédent gouvernement n’avait pas supprimé les classes bilangues, mais elle n’autorisait leur maintien (deux langues étrangères dès la sixième) que lorsque l’élève avait appris au primaire une autre langue que l’anglais. En contrepartie, la réforme avait introduit pour tous les élèves la pratique de deux langues étrangères dès la classe de cinquième – là où, auparavant, la deuxième langue n’intervenait qu’en classe de quatrième.
Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer , n’a pas remis en cause les deux langues dès la cinquième. Il n’a pas non plus remis en cause les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), rendus obligatoires par la réforme du collège de la précédente majorité, mais il a assoupli leur cadre. L’arrêté ministériel impose aux collégiens de suivre un enseignement interdisciplinaire et d’avoir un temps d’accompagnement personnalisé au cours du cycle qui couvre les classes de cinquième, de quatrième et de troisième. Mais les établissements sont désormais libres de fixer ces enseignements. Et les enseignants pourront proposer un enseignement pratique interdisciplinaire en classe de sixième s’ils le souhaitent.
Les syndicats partagés
En supprimant les thématiques des EPI, l’arrêté « desserre l’étau », affirme le principal syndicat du second degré, le SNES-FSU, qui avait combattu la réforme instaurée par Najat Vallaud-Belkacem. Le SNES parle d’un « progrès considérable » avec ces EPI dont « les thèmes sont libres ». Tout en s’inquiétant de possibles « dérives concurrentielles entre disciplines, collègues et établissements » puisque l’enveloppe des heures données aux établissements reste la même.
De son côté, le SE-UNSA, qui avait au contraire soutenu la réforme, appelle les enseignants à « ne toucher à rien pour la rentrée », et surtout pas à « remettre en cause dans la précipitation » le travail qui a été fait, à l’occasion des derniers conseils d’administration de juin et juillet. « L’essentiel du cadre de la réforme du collège ne change pas, à part la création d’un enseignement facultatif de ”langues et cultures européennes”, l’assouplissement du cadrage des EPI ou la possibilité d’augmenter les horaires de ”langues et cultures de l’Antiquité”, affirme le syndicat. Les élèves devront toujours bénéficier d’enseignements pratiques interdisciplinaires et de l’accompagnement personnalisé au cours du cycle 4 (cinquième, quatrième, troisième). »