Enseignement bilingue : des parents d’élèves montent au créneau

Les élus des 13 communes du syndicat des affaires scolaires de la vallée de la Largue à l’écoute de Thomas Goepfert, vice-président de l’APEPA 68 (debout), avec à ses côtés les délégués locaux, Denis Grienenberger de Bisel (à g. de l’écran) et Bruno Herzog de Mooslargue (debout à droite).  Photo DNA

Les élus des 13 communes du syndicat des affaires scolaires de la vallée de la Largue à l’écoute de Thomas Goepfert, vice-président de l’APEPA 68 (debout), avec à ses côtés les délégués locaux, Denis Grienenberger de Bisel (à g. de l’écran) et Bruno Herzog de Mooslargue (debout à droite). Photo DNA

La « mise en veilleuse » de la section bilingue en sixième au collège de Seppois-le-Bas pour cause d’effectif insuffisant, suscite une mobilisation des parents d’élèves. L’APEPA est venu plaider auprès des élus la nécessité d’une action volontariste et concertée pour éviter que cela ne se reproduise.

« Nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure ! », explique d’emblée Thomas Goepfert, vice-président de l’APEPA du Haut-Rhin, devant les élus des 13 communes du syndicat intercommunal des affaires scolaires et culturelles de la vallée de la Largue (*), présidé par Jean-Jacques Schloesslen, maire de Largitzen. Ce dernier a convié les communes membres à cette réunion un peu exceptionnelle mardi soir à Seppois-le-Bas pour qu’elles entendent directement le message des représentants de l’association des parents d’élèves de l’enseignement public en Alsace, également représentée par ses délégués locaux, Bruno Herzog de Mooslargue et Denis Grienenberger de Bisel.

« Une colère saine et dominée »

Tous trois ont souligné qu’ils ne s’accommodaient pas de l’interruption de la filière bilingue en sixième cette année au collège de Seppois-le-Bas sous prétexte qu’il n’y a que cinq élèves concernés et qu’il s’agissait donc de prendre le taureau par les cornes pour faire en sorte qu’il y ait plus d’élèves qui s’inscrivent en sixième bilingue dans le futur. « Il en va de l’avenir professionnel des enfants de la vallée de la Largue qui passe très souvent par la Suisse et par l’Allemagne », considèrent les représentants de l’APEPA, rappelant au passage les chiffres du chômage en France et outre Rhin.

Tout en rappelant les péripéties de l’annonce au dernier moment et par téléphone de la « mise en veilleuse » selon la terminologie officielle de la sixième bilingue, c’est « une colère saine et dominée qui nous fait agir », a souligné Thomas Goepfert.

Prenant l’exemple de la vallée de Saint-Amarin, il a expliqué qu’il s’agissait d’anticiper pour arriver à des effectifs suffisants en sixième et permettre la pérennité de la filière bilingue. « D’autant plus qu’il n’y a pas de seuil officiel fixé au collège et qu’on reste à la merci d’une décision du recteur d’académie », a ajouté Denis Grienenberger. Il faut donc ouvrir suffisamment de classes maternelles bilingues pour alimenter le cursus, en tenant compte des éléments à disposition avec l’expérience des autres secteurs. « Lorsqu’on ouvre une maternelle bilingue, on sait qu’en moyenne 60 à 70 % des enfants l’intègrent ».

« Une absence d’information, d’encouragement et de visibilité »

L’APEPA remarque aussi qu’il y a une trop grande déperdition d’élèves qui s’opère actuellement dans la vallée de la Largue « à cause de l’absence d’information, d’encouragement et de visibilité sur le long terme des parents ». Manques que l’APEPA se propose de pallier par une action volontariste et déterminée. Elle cite par exemple les possibilités d’aide aux devoirs en allemand mises en place ailleurs avec la collaboration des étudiants.

Pour en revenir à Saint-Amarin, cette démarche de sensibilisation des élus et des parents pour l’ouverture de classes maternelles bilingues dans plusieurs villages a été menée avec succès par l’APEPA en prévision d’une ouverture au collège d’une sixième bilingue en 2018. « Nous avons contacté les parents dont les enfants entrent en classe maternelle mais aussi ceux dont les enfants sont scolarisés en petite et moyenne section car ils ont encore la possibilité d’intégrer la filière bilingue à partir de la grande section de maternelle ».

« Une approche collective avec des choix réalistes »

L’APEPA propose donc aux élus de la vallée de la Largue de faire de même et d’avoir une approche collective de la question. « C’est vrai qu’au départ, il faut partir de zéro et faire des choix réalistes », a souligné Thomas Goepfert face à l’assemblée, certains, tel Morand Heyer, adjoint de Pfetterhouse, ne manquant pas d’objecter les « risques de fermeture de classes en monolingue ».

« Il y a un travail de concertation à mener entre communes voisines pour permettre une période de transition avec des permutations pour arriver à un nouvel équilibre ; à la fin, on en reste au même nombre d’élèves et d’enseignants ! », ont argumenté les représentants de l’APEPA. Soulignant aussi que l’ouverture de maternelles bilingues pouvait peut-être permettre de sauver des classes. « À Mooslargue, il y a un risque de fermeture l’année prochaine, avec un ou deux élèves de plus, on pourrait l’éviter ».

« Aujourd’hui, les détracteurs ont le beau rôle ! »

Francis Demuth, maire de Seppois-le-Bas et défenseur de la filière bilingue depuis de longues années, explique avoir deux classes maternelles bilingues sur trois dans le village et avoue ne pas trop comprendre pourquoi, on arrive à si peu d’effectifs au collège. Il a évoqué les pseudo-manques de professeurs, une excuse balayée d’un revers de main, mais plus généralement, tout comme les délégués de l’APEPA, l’absence d’encouragement des parents mais aussi la frilosité dont ont fait preuve les communes jusqu’à présent. « Aujourd’hui, les détracteurs de la filière bilingue ont le beau rôle, voyez ce que ça donne, disent-ils ! ».

Mais l’APEPA se dit désormais prête à agir (ce qui se remarque aussi par la présence de nouvelles listes APEPA aux élections de représentants de parents d’élèves dans les villages) et a suggéré aux élus de faire « un inventaire des problèmes et des questions commune par commune afin de pouvoir mettre tous les chiffres sur la table » pour se revoir au courant du mois de novembre.

Pour compléter son propos, l’APEPA a aussi mis entre les mains des élus « tous les documents existants concernant la filière bilingue », aussi bien ceux édités par le Conseil général (dont l’un détaille comment ouvrir une maternelle bilingue), que par l’Education nationale et l’Office pour la langue et la culture d’Alsace. Sans oublier ses propres dépliants de présentation, le bilinguisme constituant l’un des chevaux de bataille de l’association fondée en 1955 par Marcel Rudloff.

(*) Bisel, Mooslargue, Pfetterhouse, Seppois-le-Haut, Seppois-le-Bas, Largitzen, Ueberstrass, Friesen, Hindlingen, Strueth, Mertzen, Fulleren et Saint-Ulrich.

DNA 3/10/2013

« Ce qu’on veut, c’est qu’il y ait une vraie liberté de choix pour les parents d’élèves, pas un …

« …. choix par défaut parce que l’Éducation nationale ne propose rien. »Thomas Goepfert, vice-président de l’aPEPA 68

DNA 3/10/2013

Commentaires fermés.