Peillon: “40.000 recrutements en 2013”

Le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon a annoncé ce matin sur France Culture le recrutement de “près de 40.000 professeurs” en 2013.

Parmi ces 40.000 postes, environ 22.000 concerneront le remplacement de professeurs partant à la retraite, a-t-on précisé au ministère, indiquant que le détail serait communiqué dans le projet de loi de finances 2013.

Le président de la République François Hollande s’est engagé à créer 60.000 postes dans l’Education nationale. La droite avait, elle, programmé 80.000 suppressions de postes entre 2007 et 2012, suivant le principe de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Pour la rentrée 2012, le gouvernement avait réduit à 13.000 les suppressions de postes décidées par la droite, en réinjectant mille postes de professeurs des écoles. Pour l’immédiat, Vincent Peillon a annoncé qu’il allait recruter “dans les jours qui viennent” 90 professeurs pour faire face à des problèmes de remplacement.

“Nous finissons à l’instant une discussion avec les représentants syndicaux pour rouvrir au-delà” des 1.000 professeurs “les listes complémentaires” aux concours d’enseignants “car il y aura des tensions de remplacements”, a indiqué le ministre. Au-delà de mesures de “réparation”, “nous avons aussi une plus grande ambition, c’est celle de changer l’école”.

AFP le 20/09/2012 à 10:20

“Près de 40 000 enseignants recrutés en 2013.” L’annonce faite par le ministre de l’éducation, Vincent Peillon sur France Culture ce 20 septembre, est une petite bombe. A plusieurs titres.

D’abord parce que ce nombre est massif. A titre de comparaison, c’est un peu plus de 13 000 postes qui ont été offerts à la dernière session de concours. L’augmentation est de 67 % entre 2012 et 2013 ! Ensuite, parce que le projet de loi de finances 2013 sera présenté le 28 septembre et que Vincent Peillon grille la priorité de Bercy et de Matignon sur le sujet en faisant aujourd’hui cette annonce.

Pour arriver aux 40 000 annoncés par le ministre pour 2013, il faut additionner les 18 000 postes ouverts aux concours qui ont lieu cette fin d’année et les 22 100 du concours suivant. Tout cela étant budgeté sur 2013, puisque les nouvelles recrues seront (hors leur temps de formation) dans les classes à la rentrée.

TOUS LES DÉPARTS À LA RETRAITE REMPLACÉS

Cette augmentation couvre donc deux choses : d’une part, les départs en retraite de profs, qui seront tous remplacés en 2013, et d’autre part, le début de la recréation des 60 000 postes promis par Françaois Hollande pendant la campagne présidentielle.

Le gouvernement a pris l’engagement de remplacer tous les départs en retraite dans le secteur de l’éducation. Le “un sur deux” qui avait prévalu du temps du président Sarkozy est terminé pour l’éducation nationale, érigée en priorité pour le quinquennat par François Hollande. On attendait donc 22 100 postes aux différents concours enseignants à la session 2013, ce qui correspond au nombre de départs. Ces 22 100 avaient été annoncés par le ministre de l’éducation en visite de prérentrée à Créteil, la semaine avant la reprise des cours. Et confirmés par François Hollande lui-même lorsqu’il a accompagné Vincent Peillon dans un collège de Trappes, le 3 septembre.

Les épreuves d’admissibilité au CPRE, le concours de recrutement professeur des écoles, ont lieu la semaine prochaine. Quant aux Capes, ce sera pour le début 2013. Mais tous ces enseignants-là seront déclarés admis en 2013. En fait, le nombre de postes budgettés ne correspondra pas au nombre d’enseignants dans les classes à la rentrée, puisque ces lauréats n’assureront pas un service complet de profs. Ils auront droit à une formation, dont le nombre d’heures n’est pas connu. Reste que ces jeunes doivent être dans les classes à la rentrée 2013.

Au fil des discours et des interventions médiatiques de Vincent Peillon, il est apparu que les 22 100 postes ne seraient pas les seuls. Le ministre avait en effet laissé entendre que les 60 000 postes que le candidat François Hollande avait promis de recréer en plus des remplacements pour départs en retraite, commenceraient à voir le jour en 2013. Ces postes pourraient être au nombre de 18 000 cette année.

INQUIÉTUDES SUR LE VIVIER

Avec ses deux concours successif, 2013 est vraiment l’année pour devenir enseignant. Ceux qui ne seront pas reçus à la session n°1 n’auront plus qu’à retenter leur chance au second concours externe, qui pourrait se dérouler au printemps. A l’heure actuelle, le ministère ne confirme pas ce scénario, qui est pourtant le plus plausible, voire “le seul possible”, selon quelques observateurs avisés.

Il faut remonter au milieu des années 1990 pour avoir d’aussi forts recrutements. En 1993, ce sont 33 000 postes qui ont été ouverts dans le second degré, et 10 000 dans le premier.

Les syndicats se demandent comment on peut arriver à avoir assez de candidats, alors qu’aux dernières sessions, tous les postes n’ont pas été pourvus. Pour le SNES, “il y a urgence à aider les étudiants qui vont passer les concours en 2013 et 2014. Il faut les aider financièrement dès aujourd’hui, sinon il y a aura le même taux d’échec que d’ordinaire, et ces objectifs seront impossibles à atteindre”, prévient Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES, le premier syndicat du second degré.

De son côté, Christian Chevalier, du syndicat des enseignants (SE-UNsa), se veut plus optimiste. Même s’il est inquiet du vivier et estime nécessaires les mesures d’aide prévues pour les étudiants en licence, il veut parier sur “le changement de discours sur les enseignants depuis l’arrivée de la gauche”, et estime que les difficultés d’intégrer un monde du travail gangréné par le chômage pourraient aussi augmenter le nombre de candidats aux différents concours.

Le MONDE du 20/09/2012 Maryline Baumard

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