Dans le Haut-Rhin, la contestation de la carte scolaire met l’arme au pied

Dans de nombreuses communes, les mesures de carte scolaire envisagées avaient suscité une forte mobilisation. À Michelbach-le-Bas (notre photo), on reporte désormais ses espoirs sur la création d’un regroupement pédagogique intercommunal. Archives Thierry Gachon

Ni forcément révolutionnaires, ni obligatoirement apaisées, la rentrée et ses suites seront à surveiller de près dans un certain nombre d’écoles haut-rhinoises.

L’année scolaire 2010-2011 s’était terminée sur une rafale de manifestations contre des fermetures de classes annoncées : quelque 42 suppressions nettes. Peu de choses, dira-t-on, au regard des plus de 67 000 élèves attendus dans les écoles du département. Mais ces effets locaux de la politique de suppression de 16 000 postes de fonctionnaires au plan national avaient suscité un fort courant de sympathie et le soutien de nombreux élus.

Beaucoup s’étaient séparés sur la promesse de remettre ça à la rentrée : « Le 5 septembre, on sera à Colmar avec les enfants », avait ainsi promis Katia Flesch, signifiant ainsi qu’à Lautenbach-Zell, on n’accepterait pas la fermeture d’une classe. Retour de vacances, après un point avec les autres parents, qui avaient campé devant l’école au plus fort de l’action, elle concluait cependant, mercredi : « Il n’y a plus grand-chose à faire dans la mesure où il nous manque toujours trois enfants. » Reste alors l’engagement de veiller à la manière dont les classes à plusieurs niveaux fonctionneront. Et, « si ça ne va pas, on fera autre chose ». Promis. À Husseren-Wesserling, Romain Nuccelli, l’un des organisateurs de la mobilisation dans la vallée, est finalement plutôt déçu : « Il y a des restrictions partout, donc les gens se disent qu’on ne peut rien faire. Mais ils comprendront à la rentrée quand ils se rendront compte que leurs enfants sont dans des classes à 27-28 et qu’ils rentrent le soir super-crevés. » Désabusé, il encourage cependant à aller voir du côté du collectif qui s’est créé dans le secteur (lire encadré ci-dessous).

Du côté des élus, soit, comme à Michelbach-le-Bas, on se résout à la solution du regroupement pédagogique (RPI) avec d’autres villages, pour conserver des classes « à taille humaine », soit, on reste combatif. Patrik Mercier, maire de Seppois-le-Haut, dont l’école se retrouve, comme beaucoup d’autres, avec la formule « maternelles + CP », assure : « On a décidé d’être vigilants sur la manière dont les cours vont être dispensés. »« On reste mobilisables, quitte à contacter d’autres élus, comme le député », ajoute-t-il.

Du côté des associations de parents d’élèves, on attend surtout la rentrée. À la PEEP, Jacqueline Dondenne assure que « sur les situations délicates, on va être attentifs ». Mais la présidente départementale pense aussi que « même si on descendait tous les jours dans la rue […] , pas sûr qu’on arriverait à reconquérir tous les postes ». À la FCPE 68, Florence Claudepierre prévient : « On va suivre de très près les comptages à la rentrée et tous les parents qui voudront bouger, on les soutiendra. » À l’Apepa, le président Thierry Loth admet que « l’État fasse des économies : on est tous, aussi, contribuables… » Pour autant, il note que dans le Haut-Rhin, « les seuils ont parfois été repoussés à 33 élèves par classe, dans le secteur de Colmar par exemple ». Et même s’il n’est « pas d’accord pour que les conditions d’enseignement se dégradent », lui aussi pense qu’« on n’y peut rien ».

Alors, sa question à lui, c’est : « L’Alsace a-t-elle les moyens qu’elle mérite ? » Pour lui, « notre région est celle qui a souffert le plus dans la suppression des postes annoncée en janvier ». Et s’il dédouane les inspecteurs qui « ne font que répartir les moyens qu’on leur donne », il s’interroge : « Comment le recteur a-t-il défendu le bifteck à Paris, sachant qu’il changeait le 8 décembre ? »

Quant aux syndicats d’enseignants, ils s’inquiètent surtout de ce qu’à l’inspection d’académie, « on cherche encore, à l’heure actuelle, une quarantaine d’enseignants pour des postes non pourvus ». Donc, en déduit Carmen Tolle du Sgen-CFDT, « on va prendre les remplaçants », lesquels, suite logique, « ne seront plus disponibles lorsque le premier enseignant tombera malade ». Conclusion : la veille des parents, attentifs à ce que « tout se passe bien », risque d’avoir à s’employer ailleurs que dans les classes à multiples niveaux, « victimes » de la carte scolaire 2011.

le 02/09/2011 à 05:02 par Luc Marck

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