En Moselle, Allemand au lycée : spécialité en danger


Les enseignements de spécialité, c’est nouveau et ce sera à partir de la rentrée 2019 pour les lycéens de première. Trois spécialités à choisir parmi douze, qui s’ajoutent aux seize heures d’enseignements communs. Pour ce tronc commun, le volume horaire d’enseignement des langues vivantes A et B ne change pas : quatre heures et demie.

La nouveauté, ce sera la possibilité de renforcer, grâce à trois heures supplémentaires, une de ces deux langues ou n’importe quelle autre matière au choix. Or, la liste publiée sur le site de l’académie de Nancy-Metz étonne : seulement quatre lycées publics pour toute la Lorraine – Jean-de-Pange à Sarreguemines, Charlemagne et Hélène-Boucher à Thionville, Chopin à Nancy  – proposeront cet enseignement renforcé en allemand. Six établissements au total si l’on ajoute à la liste les deux établissements privés qui offriront la même possibilité : Sainte-Chrétienne à Sarreguemines et Saint-Léon-IX, à Nancy. Rien en Meuse, rien dans les Vosges.

De quoi estomaquer en Moselle les défenseurs du bilinguisme franco-allemand à l’école, dans un département frontalier. Communes, communautés de communes, Département, tous, surtout en zones frontalières, font les efforts nécessaires pour promouvoir l’allemand dès le primaire, puis au collège. Et voilà le coup de frein annoncé au lycée.

Le contre-exemple alsacien

Jean-Louis Masson, sénateur de Moselle, est le premier élu à s’en émouvoir. Jeudi, il a remis une question à la présidence du Sénat, espérant interpeller le ministre de l’Éducation. « Si cela se concrétisait, de nombreux lycéens et collégiens abandonneraient la filière de l’allemand renforcé », dénonce-t-il. « Quel intérêt auraient les collégiens à suivre la filière allemand s’ils n’ont pas la certitude de pouvoir choisir cette spécialisation au bac, dans un lycée de proximité ? » Le sénateur pointe le rectorat de Nancy. « Il marginalise l’enseignement de l’allemand en Moselle. »

Rectorat qui répond que les choix ont tenu compte de la demande des établissements avec concertation par bassin. Les chefs d’établissement ne seraient-ils pas suffisamment sensibilisés à la langue de notre voisin ? Si l’intérêt des élèves pour l’allemand s’émousse, ça n’est pas en supprimant l’offre qu’on suscitera cette envie.

Les Alsaciens, qui insistent sur la nécessité du bilinguisme depuis de nombreuses années, le prouvent. Le rectorat de Strasbourg vient de signer une nouvelle convention avec les collectivités pour le primaire. En Alsace, un collège sur deux est bilingue. « Nous avons un parcours complet, de la maternelle à la terminale avec 18 établissements Abibac (double bac français et allemand) », résume Philippe Guibert, au rectorat de Strasbourg.

Résultat, si l’on inclut les établissements Abibac, 74  % des lycées publics alsaciens, soit 29 sur 43, proposeront à la rentrée une spécialité allemand. « C’est notre offre théorique. On verra quels seront les choix des élèves. »

republicain-lorrain.fr

Laurence SCHMITT
 

Commentaires fermés.