Défilés de la St Martin

L’an dernier à Sélestat, à l’initiative de l’association Schlettstadter Sterickle.  Archives Françoise Marissal

L’an dernier à Sélestat, à l’initiative de l’association Schlettstadter Sterickle. Archives Françoise Marissal

Alors que toute trace de la Saint-Martin avait été effacée par la commémoration de l’armistice de 1918, des processions aux lampions apparaissent depuis quelques années dans la région.

La commune de Saint-Martin, du côté de Villé, ne fêtera pas son saint patron ce dimanche. « Il y aura les cérémonies du 11 Novembre, avec une messe en l’église Saint-Martin, un dépôt de gerbe au monument aux morts, un pot en l’honneur des anciens combattants, mais pas de fête de la Saint-Martin, explique André Clad, le maire de cette commune bas-rhinoise de 354 habitants. Je n’ai pas le souvenir d’une tradition particulière dans le village, il n’y a rien dans les archives à ce sujet, et pas de demande de la part des habitants. »

Sans doute trop liée à l’héritage germanique pour survivre aux côtés de la commémoration de l’armistice de 1918 (lire ci-dessous), la fête de la Saint-Martin connaît néanmoins un regain d’intérêt en Alsace, depuis quelques années, dans le sillage du bilinguisme. On peut y voir un de ces tours ironiques de l’Histoire, l’illustration d’une réconciliation désormais complète, ou simplement le symbole du temps qui passe.

Dans sa dernière lettre d’information, Eltern Alsace, l’association des parents de l’enseigne-ment bilingue, recense ainsi, de manière non exhaustive, des défilés aux lanternes à Rixheim, Riedisheim, Molsheim, Brumath (vendredi 16 dans ces quatre cas) et Huttenheim (samedi 17), organisés par ses soins ou par d’autres associations locales.

Elle cite aussi Village-Neuf, où le défilé avait lieu hier soir, à l’initiative de l’association Graine de Bilingue, pour la dixième année consécutive. « C’est un événement qui a pris une ampleur croissante, témoigne son président, Jérôme Giovannoni. Beaucoup de familles de la commune sont mixtes, allemandes ou suisses, la fête a donc pris facilement. Quelle que soit la météo, nous rassemblons entre 100 et 150 personnes, dont environ un tiers d’enfants, de la maternelle à l’école élémentaire. »

La fabrication des lanternes et l’apprentissage des chants traditionnels (notamment le fameux « Laterne, Laterne ») se font dans le cadre scolaire, en accord avec les enseignants, ou lors d’ateliers bilingues, organisés depuis deux ans par l’association.

Le défilé s’achève par la scène du légionnaire romain (à pied, le cheval ayant été remercié pour raison de sécurité) déchirant sa toge pour la partager avec un mendiant, racontée en allemand et en français, avant une collation.

Originaire du sud de la France, Jérôme Giovannoni a lui-même découvert la fête de la Saint-Martin en arrivant en Alsace il y a cinq ans. « C’est l’occasion de jeter des ponts entre les deux rives du Rhin, de partager une même tradition rhénane, des valeurs, de façon sympathique, estime-t-il. D’autres associations se joignent à nous pour organiser le défilé, et on voit même des gens de Weil am Rhein qui viennent le voir. »

L’an dernier, Schlettstadter Sterickle, l’association des parents d’élèves des sites bilingues de Sélestat, avait également organisé un défilé de la Saint-Martin, le 8.

On notera que la commémoration de l’armistice conserve la préséance à la date du 11 novembre, la Saint-Martin étant célébrée un peu avant ou un peu après.

Nota bene : parallèlement aux manifestations organisées par les associations de promotion du bilinguisme, on peut citer, entre autres, la promenade aux lampions dans la colline du Bollenberg, à Westhalten (prévue hier), celle organisée par le Cercle d’Histoire(s) de Wangen (aujourd’hui à 18 h), le défilé de l’Association Saint Martin en Val d’Argent, à Rombach-le-Franc (mardi 13)…

L ALSACE le 11/11/2012 à 05:04 par Olivier Brégeard

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