Langues régionales« Le temps d’un statut est venu »

Lettre ouverte à François HOLLANDE

« Monsieur le président,

vous participez […] aux cérémonies du cinquantième anniversaire du Traité de l’Élysée.

Ce traité prévoyait le renforcement de l’enseignement de la langue des pays partenaires. Or deux régions de France (Alsace et Moselle/Nord-Est) parlaient naturellement des dialectes germaniques et utilisaient leur forme normée et littéraire, le Hochdeutsch (allemand), comme langue écrite.

Depuis l’après Seconde Guerre mondiale, les efforts de l’État et spécifiquement du ministère de l’Éducation nationale ont davantage porté en faveur de la seule langue française devenue langue de la République.

Malgré les demandes répétées des collectivités et de la population depuis 1945, la sauvegarde de notre langue régionale sous sa forme standard, l’allemand, dans le cadre d’un véritable et fécond bilinguisme régional n’a été que très modestement engagée à partir de 1992.

Il serait dramatique que l’Alsace et une partie de la Moselle soient les laissées pour compte de l’amitié franco-allemande

La perte de la pratique des dialectes alsaciens et mosellans, la fin de la maîtrise de l’allemand par les nouvelles générations sont parmi les causes majeures du déclin économique de ces deux régions et de la perte d’accès aux centaines de milliers d’emplois offerts par la Suisse germanophone, la Sarre, le Palatinat et le Bade-Wurtemberg voire le Luxembourg.

Il est ainsi devenu essentiel qu’en Alsace, et aussi dans la partie nord-est de la Moselle, l’enseignement bilingue à parité horaire de l’allemand en tant que langue régionale puisse être offert dès la maternelle dans toutes les écoles. L’avenir économique et culturel de ces deux territoires en dépend largement. Il serait dramatique que l’Alsace et une partie de la Moselle soient les laissées pour compte de l’amitié franco-allemande.

Or, depuis 1989 les conventions Etat-Région-Départements successives en faveur du développement de notre langue régionale, l’allemand, pourtant accompagnées du versement de plusieurs dizaines de millions d’euros, n’ont été que partiellement respectées.

Nous constatons que, dans nos deux académies, les recteurs poursuivent la politique éducative catastrophique menée durant la présidence précédente. Pire, le ministère de l’Éducation nationale semble avoir conforté dans ses fonctions la recteure de l’académie de Strasbourg.

À l’aube d’une nouvelle ère d’amitié franco-allemande et dans une Europe unie et pacifique, nous comptons sur la fermeté de vos engagements et espérons une nouvelle politique linguistique en Alsace et Moselle.

P.S. : le candidat François Mitterand avait affirmé dans son discours du 14 mars 1981 à Lorient : “Le temps est venu d’un statut des Langues et Cultures de France qui leur reconnaisse une existence réelle” ».

par Par le Comité Fédéral des Associations pour la Langue et la Culture Régionales en Alsace et en Moselle,
DNA du  20/01/2013 à 05:00

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