Le bilinguisme dans une plus grande mixité sociale

Armande Le Pellec-Muller dans la classe de 3 e 4 bilingue du collège Le Ried, durant un cours d’histoire en allemand.  Photo S. G.Armande Le Pellec-Muller dans la classe de 3 e 4 bilingue du collège Le Ried, durant un cours d’histoire en allemand.

Élitiste, la voie bilingue ? Le recteur Armande Le Pellec-Muller veut conjuguer diversité sociale et excellence en donnant en exemple le collège Le Ried de Bischheim.

Les élèves des voies bilingues se distinguent par leurs bons résultats, d’après les statistiques. L’exigence demandée par des cours d’histoire-géographie (2 heures), de mathématiques (2 heures), de musique (1 heure), d’allemand (4 heures) et de culture régionale (1 heure), soit 10 heures d’enseignement en allemand, explique en partie leurs résultats, notamment au collège Le Ried, situé dans un quartier populaire de Bischheim.

« Ne pas cultiver l’entre-soi »

Armande Le Pellec-Muller, recteur de l’académie, qui s’est déplacée mercredi matin dans cet établissement dont la filière bilingue date de 2010, relève aussi que les enfants « des professions et catégories socioprofessionnelles favorisées ou très favorisées y sont sur-représentées ». « La voie bilingue et la mixité sociale sont portées avec beaucoup de volontarisme dans ce collège, ce qui permet de ne pas cultiver l’entre-soi dans ces classes-là », observe le recteur.

Pour contrer l’image d’élitisme qui colle à la voie bilingue, l’établissement mélange ces élèves avec ceux qui suivent le cursus classique pour la partie française des cours. Et des intégrations d’élèves de section « bi-langue » (apprentissage de deux langues vivantes dès la 6e ) se font aussi. « Deux élèves par an intègrent les classes bilingues et prennent le rythme sans trop de difficulté », indique la principale, Roseline Biancard. « J’avais des problèmes avec l’histoire-géographie en allemand qui étaient dus au vocabulaire. Mais tout rentre vite dans l’ordre », confirme Agathe Freyburger, en 3e bilingue après une scolarité en « bi-langue » : « Ma moyenne a baissé pour remonter ensuite. »

Cette volonté de diversité sociale de la voie bilingue se poursuit soit en section Abibac, soit en section européenne allemand pour décrocher l’Abibac au lycée Marc-Bloch de Bischheim. « Nous avons 29 élèves en voie bilingue. Nous avons fait deux classes différentes en intégrant d’autres élèves : on joue nous aussi la mixité » , explique Édith Stroh, professeur du lycée, qui a également donné des exemples d’orientation après l’Abibac : « Cela va de la classe préparatoire dans un lycée parisien à des BTS en alternance. »

« Intégrer les codes de la culture »

Sur la question du bilinguisme et des filières allant des petites classes jusqu’à l’Abibac, le recteur préconise « des échanges de service entre enseignants du collège et ceux de l’école », et l’extension de voies bilingues dans les lycées technologiques et professionnels.

« Nous voyons la question de la langue allemande dans cette perspective : un outil pour comprendre et intégrer les codes de cette culture et ouvrir des parcours différents à nos élèves » , souligne Armande Le Pellec-Muller. Une vision qui a ravi les élus présents pour cette visite, le député UMP André Schneider, le maire de Bischheim André Klein-Moser et surtout son premier adjoint, Jean-Louis Hoerlé, également président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Alsace, qui n’a pas manqué de rappeler qu’il y avait « des emplois à chercher du côté allemand ».

L ALSACE le 25/05/2013 à 05:00 Sailesh Gya

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