Maths : zéro pointé pour les écoliers français

    Non, le pays de Jules Ferry et Henri Poincaré n’est pas une référence en maths et en sciences. Une nouvelle étude internationale, publiée hier, vient confirmer les mauvaises notes des écoliers français (*) : à 10 ans, c’est-à-dire au niveau du CM1, ils sont les cancres de l’Union européenne et parmi les plus faibles des pays de l’OCDE.

    Leur score ? 488 points, ce qui les place bons derniers en Europe, et seulement devant le Chili au niveau de l’OCDE. Ainsi, les écoliers français se classent bien en-deçà de la moyenne internationale fixée à 500. Pire, avec un score en-dessous de 400, 13 % des élèves ne possèdent pas les connaissances élémentaires.

    Beaucoup d’heures, mais pas de progrès

    Ce mauvais « bulletin » n’est pas vraiment une surprise. Il vient corroborer celui de la sacro-sainte enquête PISA (la prochaine sera publiée le 6 décembre). Et s’ajoute aux piètres résultats en anglais constatés dans une autre étude, celle de l’institut Education First (EF EPI) publiée la semaine dernière.

    En tête de peloton ? Cinq pays d’Asie abonnés aux félicitations dont Singapour, grand gagnant du test avec 618 points. Le premier pays européen, l’Irlande du Nord, ne pointe qu’en 6e position au classement général (570 points).

    Comment expliquer le retard français ? Pas par l’emploi du temps. Les enseignants consacraient au moment de l’enquête 193 heures par an aux mathématiques, soit davantage que les consignes des programmes de 2008 alors en vigueur (180 heures annuelles préconisées) et beaucoup plus que dans les autres classes européennes (158 heures en moyenne déclarées).

    Programmes et formations critiqués

    Dans la foulée des résultats publiés hier, le gouvernement a dégainé une justification politique : « Ces élèves sont ceux qui paient au prix fort les choix politiques d’hier, c’est-à-dire du gouvernement Fillon », a lancé Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Éducation, saisissant l’aubaine pour vanter ses nouveaux programmes « moins lourds », appliqués depuis la rentrée 2016, tout en donnant un subtil avertissement après le verdict de la primaire de la droite. Et la ministre de vilipender la disparition de la formation des professeurs des écoles – remise en place sous François Hollande -, les 80 000 suppressions de postes sous Nicolas Sarkozy, et la « formation continue réduite à peau de chagrin ».

    De fait, les professeurs des écoles en France sont à 80 % issus de filières non scientifiques. Ils éprouvent davantage de difficultés que leurs voisins européens dans la transmission de ces disciplines, et ressentent globalement moins de satisfaction professionnelle dans leur travail.

    Autre raison susceptible d’expliquer cette faiblesse en maths : l’approche souvent trop abstraite de la discipline. Outre-Manche, par exemple, où les résultats se sont significativement améliorés en vingt ans, les élèves manipulent ballons ou cubes pour comprendre divisions et soustractions quand, en France, on garde son stylo et on apprend par cœur les tables de multiplication. Les ordinateurs restent aussi sous-utilisés.

    Paradoxe, la France compte douze médailles Fields, le graal des mathématiques, dont Cédric Villani sacré en 2010. Seuls les États-Unis sont davantage titrés. Il faut croire que les forts en maths préfèrent s’orienter vers des métiers plus valorisants financièrement et socialement que l’enseignement, ou s’exiler à l’étranger…

    (*) Étude TIMSS publiée par l’Association internationale pour l’évaluation de la réussite éducative, un organisme scientifique basé aux États-Unis.

    Vos commentaires

    UJP66– 30.11.2016 | 09h49aberrant !!!Notre ministresse de l’EN devrait changer de disque concernant les responsables d’un tel fiasco éducatif. Peut être serait il temps de changer les “têtes pensantes” de la rue de Grenelle, là où est la véritable origine de ce naufrage de notre EN.

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