Sarkozy décidé à s’attaquer au statut des enseignants

Le chef de l’Etat va détailler demain soir lors d’un meeting à Montpellier son projet « radical » pour l’école. Il a prôné ce matin sur RTL une présence accrue des enseignants dans les établissements sur la base du volontariat en contrepartie d’une revalorisation salariale

Là aussi, le président sortant a décidé de jouer le tout pour le tout. Lors d’un meeting mardi soir à Montpellier, Nicolas Sarkozy va présenter son projet pour l’école, qu’il revendique lui-même comme « radical ». « Nous avons organisé la révolution de l’université ; maintenant, il faut le faire sur l’école », a-t-il lancé la semaine dernière devant les députés UMP. Point fondamental de cette promesse de grand chamboulement qu’il avait déjà envisagée en 2007 avant de renoncer : la réforme du statut de 1950, qui définit le métier d’enseignant par le nombre d’heures de cours (26 heures dans le primaire, 18 heures dans le secondaire). Un sujet ultra sensible dans le monde de l’éducation mais qu’il espère payant électoralement.

« Il faut repenser le rôle de l’enseignement et rediscuter de son travail », a insisté le chef de l’Etat lundi matin sur RTL. « Sur la base du volontariat, il faut plus d’adultes dans l’école, il faut mieux rémunérer les adultes auprès de nos enfants, il faut que les enfants aient des adultes avec qui discuter », a-t-il expliqué. « Si on ne prévoit pas, dans l’emploi du temps du professeur, un temps où il est avec la classe, un temps où il est avec les enfants qui ont du mal à suivre, on passe à côté de la mission de l’Education nationale. »

Il y aurait des contreparties salariales. Il faut « revaloriser d’urgence la profession d’enseignant », a martelé ce matin Nicolas Sarkozy. L’enveloppe des heures supplémentaires – 1,4 milliard d’euros cette année -sera remise à plat pour le financement. Tout comme une partie des suppressions de postes à venir. « On ne peut plus continuer le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite sans augmenter les horaires des enseignants. Or on est obligé de continuer à réduire le nombre de fonctionnaires pour revenir à l’équilibre », indique un membre du gouvernement. « Moins de profs, mieux payés », résume-t-on dans l’entourage de Nicolas Sarkozy qui devrait d’ailleurs en faire l’un de ses angles d’attaque contre François Hollande. Si la proposition du candidat socialiste de recréer 60.000 postes est évidemment plutôt bien accueillie dans l’éducation nationale, son silence sur d’éventuelles revalorisations inquiète, voire mécontente les syndicats.

Le président sortant devrait, lui, se targuer mardi de « proposer des choix clairs aux Français » quand « François Hollande renvoie pour les détails aux négociations avec les syndicats ». Dans le camp du candidat du PS, si le dossier des missions des enseignants est soulevé, la réforme du statut n’est pas un préalable.

Le deuxième axe majeur du projet de Nicolas Sarkozy réside dans une plus grande autonomie des établissements, dans la répartition des budgets et le recrutement des enseignants, à l’instar de l’expérimentation menée dans les établissements difficiles (ECLAIR). A terme, l’idée serait notamment de supprimer le système national d’affectation des enseignants. Le chef de l’Etat devrait là encore en faire un point d’opposition avec François Hollande, qui propose de revoir l’affectation des enseignants dans les zones difficiles avec des mécanismes incitatifs, mais à l’intérieur du système actuel.

La « révolution » de Nicolas Sarkozy devrait donc toucher d’abord le secondaire. Si le président sortant « assume » la réforme de la formation des enseignants, il veut, pour ceux du premier degré, proposer de la formation continue afin d’en faire « des experts des apprentissages fondamentaux. » Quand François Hollande met, lui, l’accent sur le premier degré, pour lutter au plus tôt contre l’échec scolaire, le retour à une année de formation initiale, ainsi qu’une refonte des rythmes scolaires. Mais l’un comme l’autre savent qu’une réforme profonde de l’école ne se fait pas sans ses acteurs. Et sur ce point, Nicolas Sarkozy avance en terrain miné.

ISABELLE FICEK – LES ECHOS

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