À l’école de la Musau, difficile de se démultiplier

c.dna.fr

 
Qu’ils soient là pour accompagner des élèves en situation de handicap ou pour aider les directeurs d’école primaire dans leurs tâches administratives, les employés de vie scolaire (EVS) sont des ressources précieuses. Or le nombre de contrats aidés attribués chaque année aux académies n’est pas extensible. Ainsi, l’augmentation récente des demandes d’accompagnement d’élèves en situation de handicap a mathématiquement conduit à une diminution du nombre d’employés dédiés à l’aide administrative : en septembre dernier, ils étaient 80 à faire leur rentrée dans le Bas-Rhin — deux fois moins qu’en 2015… et presque dix fois moins qu’il y a une dizaine d’années.

Répartis en fonction d’un barème qui tient compte du nombre d’élèves et de classes ou encore du classement en réseau d’éducation prioritaire, ces postes administratifs sont désormais une denrée rare, à laquelle n’ont accès cette année que 10 % des écoles primaires du département. À Haguenau, seules les écoles élémentaires Saint-Georges et des Roses bénéficient encore d’une aide à la direction : les postes jusque-là alloués aux écoles élémentaires de la Musau, Saint-Nicolas et Vieille-Ile sont eux supprimés depuis le 1er janvier. « Ces aides sont des plus, mais ce sont des contrats à durée limitée, expose Serge Saccucci, inspecteur de l’Éducation nationale en charge de la circonscription Haguenau Nord. Le travail administratif relève de la compétence des directeurs, qui ont pour cela des heures de décharge. »

Ouvrir la porte, répondre au téléphone et enseigner

À la Musau, rue du Colonel-Paulus, c’est justement là que le bât blesse. À la rentrée dernière, l’école élémentaire a perdu une de ses classes, faute d’effectifs suffisants (et une autre fermeture se profile à la rentrée prochaine, lire ci-dessus), ce qui a entraîné une modification de la décharge de direction, passée d’un temps plein à un mi-temps. Désormais, la directrice est dans son bureau les lundis, mardis et un mercredi sur deux ; le reste de la semaine, elle enseigne en classe de CM1.

Pour Muriel Daheur, tête de liste Apepa (Association des parents d’élèves de l’enseignement public en Alsace) à l’école de la Musau, le départ de l’EVS, qui était présente vingt-quatre heures par semaine, combinée à une demi-décharge de direction, n’est pas tenable. « Jusque-là, il y a toujours eu quelqu’un pour ouvrir la porte ou répondre au téléphone. Maintenant, il y a une sonnette et c’est la directrice, en cours au premier étage, qui doit venir contrôler qui est à la porte. Mais comment peut-elle faire puisqu’elle ne doit pas laisser sa classe sans surveillance ? C’est pareil si un enfant est malade ou blessé, elle ne peut pas laisser ses élèves seuls. Avant, l’EVS pouvait le prendre en charge, appeler les parents… »

Dans cette école élémentaire qui accueille 256 élèves, où l’on compte onze classes et une unité localisée pour l’inclusion scolaire, le standard téléphonique est, selon la représentante des parents d’élèves, un autre souci majeur. « Que deviennent les coups de fil pour avertir qu’un enfant est malade ou quand un parent veut prévenir d’un retard ? Les jours où la directrice a classe, on tombe sur sa messagerie, mais quand a-t-elle le temps de l’écouter ? »

Pour plaider la cause de l’école, Muriel Daheur a écrit à la Direction académique des services de l’Éducation nationale, au rectorat ainsi qu’à l’inspecteur de circonscription. Elle a également transmis à la direction académique une pétition contre la suppression de l’EVS, lancée en décembre et qui a récolté 121 signatures. Malgré tout, la représentante des parents d’élèves sait qu’il a peu d’espoir qu’un employé de vie scolaire fasse son retour dans l’établissement — en tout cas pas à court ou moyen terme. Reste peut-être la piste du service civique… Créé en 2010, ce dispositif financé par l’État et qui s’adresse aux jeunes de moins de 25 ans, est déjà une solution choisie par certaines écoles bas-rhinoises en mal d’EVS…

 

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