Levée de boucliers contre la suppression du goûter à l’école

La directrice académique du Haut-Rhin ne s’y attendait pas, mais la circulaire du 12 avril 2013 qui demande aux équipes enseignantes du Haut-Rhin de « supprimer le goûter de milieu de matinée » a suscité une forte réaction de la part des associations de parents d’élèves. La PEEP (fédération des parents d’élèves de l’enseignement public) dénonce une mesure vécue par les parents comme « une remise en cause de leur compétence et de leur autorité. »

La FCPE (fédération des conseils de parents d’élèves) demande un moratoire et insiste sur la nécessité d’entamer une réflexion dans le but d’effectuer un « travail d’information et de pédagogie auprès des familles. »

L’APEPA (association des parents d’élèves de l’enseignement public en Alsace) exige aussi une suspension de la circulaire et met en cause une décision unilatérale sans concertation. D’ici la fin du mois, une pétition sera mise en place en ligne.

À la suite de ces réactions, Maryse Savouret, la directrice académique du Haut-Rhin, a semble-t-il fait marche arrière : « Il s’agit d’engager une réflexion dans les écoles sur la place de la collation avant 9 h 30. Dans cette réflexion, les parents ont toute leur place aux côtés des enseignants. » Quoi qu’il en soit, la décision des conseils d’école sera respectée, a promis Maryse Savouret.

DNA du 12/09/2013 à 05:00

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Plus ou moins appliquée dans les écoles primaires, la circulaire qui préconise la suppression du goûter à 10 h dans les écoles du Haut-Rhin suscite une levée de boucliers au sein des associations de parents d’élèves.

Pour lutter contre l’obésité infantile, faut-il supprimer le goûter à l’heure de la récréation dans les écoles maternelles et élémentaires ?La direction académique des services départementaux du Haut-Rhin en a décidé ainsi. Dans une circulaire datée du 12 avril 2013, Maryse Savouret a demandé aux équipes enseignantes « d’éviter toute prise alimentaire entre les repas et donc de supprimer le « goûter » de milieu de matinée […] Une collation en tout début de matinée [ N.D.L.R. : jusqu’à 9 h 30 au plus tard ] pourra cependant concerner les enfants qui n’auraient pas pris de petit-déjeuner avant de venir à l’école. »

« L’enfer est pavé de bonnes intentions »

À la lecture du document, les associations de parents d’élèves sont montées au créneau. Aucune ne conteste le bien-fondé de la prise en charge du problème de l’obésité infantile. Mais à l’image de la PEEP (Parents d’élèves de l’enseignement public) qui a titré son communiqué « L’enfer est pavé de bonnes intentions », elles dénoncent une décision unilatérale, sans concertation et incohérente d’un point de vue pédagogique.

Pour Anne Dehestru, présidente régionale de la PEEP, l’école empiète sur le rôle des parents, « une ligne a été franchie. » L’association « se refuse de juger la manière dont les parents éduquent leurs enfants. » D’autant plus sur un sujet aussi sensible que le goûter qui symbolise un lien entre les parents et l’enfant.

Anne Dehestru rappelle que les écoliers ont toujours eu des goûters dans leurs sacs. Et dans son communiqué, la PEEP souligne que le « lien entre l’augmentation récente des cas d’obésité infantile et la prise de goûter à l’école n’a pas été scientifiquement établi ».

La suppression de toute prise alimentaire à l’heure de la récréation est-elle la bonne solution ? Non répond la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) qui demande un moratoire : « Il faut faire un travail pédagogique et d’information auprès des familles. C’est la variété dans les goûters qui entraîne des repas équilibrés, et non pas l’interdiction. La circulaire est contre-productive par rapport aux effets recherchés », déclare Philippe Barrillon, vice-président de la FCPE du Haut-Rhin. Ce dernier préférerait l’interdiction de certains produits et la mise en avant des aliments plus sains comme des fruits, du pain, des laitages… aussi préconisés dans la circulaire. Mais comment soutenir des actions comme un « fruit pour la récrée » dans ce cadre-là ?

« Un dialogue et une concertation avec les familles »

Il suffira de décaler la collation assure Odile Uhlrich-Mallet, adjointe au maire de Colmar chargée du « pôle éducation ». Pour elle, la circulaire va « dans le sens de ce projet » qui soutient quatorze écoles à Colmar en fournissant des fruits en contrepartie d’activités pédagogiques et sensibilisation à l’équilibre alimentaire.

Autre grief contre la circulaire : le manque de concertation. L’Association des parents d’élèves de l’enseignement public d’alsace (APEPA) regrette que cette décision ait été prise sans concertation. L’association demande la suspension immédiate et va mettre en place une pétition d’ici la fin du mois. L’APEPA juge aussi cette circulaire inapplicable. Fiche de suggestion de goûters ou application stricte, quelques écoles ont déjà appliqué la circulaire. C’est le cas au groupe scolaire d’Habsheim. « En dehors d’une dizaine de familles réticentes, il n’y a pas eu de problèmes », confie le directeur Pascal Denardou qui tient « à ce qu’il y ait un dialogue et une concertation avec les familles. » Pour satisfaire tout le monde, les parents mettent ce qu’ils veulent dans le sac et la collation a lieu avant 9 h.

Il semblerait que la circulaire ait été formulée d’une manière trop directive. D’où un infléchissement du discours de Maryse Savouret, à l’origine du texte. Elle a tenu à rappeler qu’il ne s’agissait nullement d’imposer quoi que ce soit, mais « d’engager une réflexion dans les établissements scolaires sur la place de la collation avant 9 h 30. » À l’issue du premier conseil d’école cette année, une première lecture pourra être faite. Quoi qu’il en soit, la directrice académique a déclaré qu’elle respecterait la décision prise lors de ce dialogue entre les équipes enseignantes et les parents et que les règles seront fixées école par école.

DNA par Etienne Goetz

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