Au procès de l’école, des professeurs témoignent

lemonde.fr  

 Le système éducatif est accusé, au fil des réformes, de renoncer à l’exigence. Pas si simple, pour les enseignants qui témoignent au « Monde ».

C’est une petite musique décliniste qui aura marqué tout le quinquennat de François Hollande : l’école, telle que la gauche l’a « refondée », a renoncé à l’exigence. Comme tous les refrains, il est aussi facile à retenir qu’il semble sonner juste, en tout cas aux oreilles de ceux pour qui l’école, « c’était mieux avant ». Cette école du passé, pensée pour une petite frange d’une génération – et non, comme aujourd’hui, pour la grande majorité –, repose sur une bonne part de fantasme : le mythe de l’élitisme républicain et de l’égalité des chances. Mais le constat récurrent d’inégalités scolaires records, d’un niveau des élèves en chute libre en mathématiques et d’une maîtrise de l’orthographe toujours plus problématique alimente les critiques. C’est simple : toutes les réformes éducatives depuis cinq ans ont fait naître, chez leurs détracteurs, le même reproche : celui de « niveler » l’enseignement « par le bas ». De privilégier le « peu pour tous » au « meilleur pour les meilleurs ». L’égalitarisme au détriment de l’élitisme.

 

Le changement de rythmes scolaires ? Il a transformé l’école en une vaste garderie. La réforme de l’évaluation ? Elle a gommé, sous couvert de « bienveillance », les valeurs de mérite et d’effort. Les nouveaux programmes ? Ils ont effacé des pans de notre histoire, relégué à l’arrière-plan nos grands hommes, mis à mal le « roman national ». Mais c’est le collège tel que Najat Vallaud-Belkacem l’a réformé qui a fait naître les polémiques les plus vives, accusé, pêle-mêle, de saccager les humanités, de condamner l’allemand à disparaître, de « saupoudrer » d’enseignements interdisciplinaires (les fameux « EPI ») les élèves.

Au fil des mois, les réseaux sociaux, les médias ont alimenté la machine à controverses, faisant resurgir les vieilles querelles – celles opposant les méthodes, les disciplines… En faisant émerger de nouvelles, aussi, au nom de l’accent circonflexe, du trait d’union, du « prédicat ».

Dans un pays où l’école est un terrain de jeu politique, et tangue d’une alternance à l’autre, le procès fait à la gauche a transcendé les clivages partisans. Aux attaques des ténors de la droite, aux protestations des syndicats d’enseignants, se sont mêlées beaucoup d’autres voix. C’est Jean-Marc Ayrault, ex-enseignant d’allemand, qui, en avril 2015, s’alarme du sort des sections bilangues. Jack Lang qui, en mai 2015, appelle à ne pas « décapiter » les classes européennes….

 

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