Témoignages ABIBAC

Nicolas : stagiaire ENA à Berlin

Nicolas Hauptmann est catégorique : sans ses compétences en allemand, il n’aurait peut-être pas obtenu son stage à l’ambassade de France, à Berlin. « J’étais en concurrence avec plusieurs autres personnes. Alors, mon ‘’très bien’’ en allemand, au concours d’entrée à l’ENA, ça m’a sans doute servi ». Parce que, titulaire de l’Abibac en 2007, puis d’un diplôme de « sciences po » à l’IEP Strasbourg, le jeune Rouffachois vient, à 23 ans, d’intégrer la prestigieuse École nationale d’administration. Jusqu’en mai, son quotidien a, pour cadre, un bureau de la chancellerie politique – « l’antenne du ministère des Affaires étrangères en Allemagne » , explique-t-il – d’où il rédige, pour l’ambassadeur Maurice Gourdault-Montagne et ses collaborateurs, notes et comptes-rendus sur des réunions et des conférences, où l’on s’exprime majoritairement en allemand. Rien d‘étonnant à ce que l’ancien lycéen du Kastler, qui a bien sûr entretenu ses connaissances linguistiques à l’IEP et effectué un an Erasmus à Nuremberg, affirme aujourd’hui que « l’allemand est une valeur ajoutée » dans un pays, dont « peu d’habitants le maîtrisent bien ». Et quand on demande à ce futur candidat à la préfectorale comment améliorer nos performances, il répond que « l a multiplication de sections européennes anglais n’est pas le calcul tactique le plus intéressant ». «Mais, des choses se font » , rassure-t-il, comme ce projet d’ « une section franco-allemande dans un lycée professionnel de Bordeaux » , dont il a « entendu parler à l’ambassade ».

Thiébaut : ingénieur en Suisse

Thiébaut Parent, promotion Abibac 2006, a tout du pur produit de l’enseignement bilingue. Il a, en effet, été de l’une des toutes premières promotions de l’école maternelle associative créée dans les années 90, à Pulversheim. Puis, ce fut un cursus ininterrompu dans cette filière paritaire franco-allemande, où il est ensuite passé de l’école de Raedersheim au collège Beltz de Soultz et, enfin, au lycée de Guebwiller. « Je remercie mes parents d’avoir été des militants du bilinguisme » , dit-il aujourd’hui : « Dans beaucoup de cas, les gens font ensuite un an d’études en Allemagne ou exercent des activités professionnelles en relation avec l’allemand, ça s’inscrit toujours dans la durée ». Lui-même, est aujourd’hui (bien) installé, à Rixheim, d’où il se rend tous les matins, depuis novembre dernier, à Bienne, en Suisse. Ingénieur en génie climatique, formé à l’INSA Strasbourg après un DUT génie thermique et énergie à l’UHA-Colmar, il y travaille dans un bureau d’études spécialisé dans les concepts énergétiques du bâtiment. La maîtrise de l’allemand, dont il a repris l’étude à l’INSA ( « mais de l’allemand technique » ), avant « sept mois en immersion totale à Stuttgart, pour un stage » , « c’était très clairement une condition de l’offre d’emploi ». Moyennant quoi, les contacts professionnels de Thiébaut avec les collectivités, les maîtres d’œuvres, les cabinets d’architectes, se font « à 80 % en allemand ». « Il m’arrive de parler français, sourit-il, parce qu’on a des clients en Suisse romande ».

Julianne : vétérinaire formée en Allemagne

Julianne, elle, reconnaît, en riant, être arrivée à l’Abibac, « par hasard, pour rejoindre des amis, qui venaient de Champagnat » (établissement privé sous contrat d’Issenheim). Contrairement à ceux-là, elle n’avait pas suivi la filière bilingue : « Il a fallu travailler un peu plus que les autres, mais les enseignants ont fait beaucoup pour qu’on progresse et que la classe atteigne un niveau homogène ». La suite de « l’histoire allemande » de Julianne, après l’Abibac 2004, c’est le statut de docteur vétérinaire, salariée d’un cabinet depuis deux ans ! Ayant intégré une prépa lyonnaise, elle a jugé préférable d’ « assurer ses arrières » et de déposer un dossier de candidature dans les écoles allemandes. Ce sera celle de la Ludwigs-Maximilian Universität à Münich, de 2005 à 2011. Et si on lui parle de « contournement du numerus clausus », elle renvoie au « travail permanent » qu’exigent, bien au-delà de la sélection à l’entrée, les écoles allemandes. En Bavière, avec son allemand académique, elle a dû s’accrocher. « À mon premier cours, je me suis rendu compte que je ne savais pas ce que voulait dire ‘’Knorpel’’ (cartilage), un terme de base en science vétérinaire ». Depuis, dit Julianne, « j’ai fait le stock de mots, dont j’avais besoin ». Elle a également gardé « tous les bouquins en allemand » de ses études et s’y réfère souvent : « Je ne les vendrai jamais ». « Là, où ça me sert aussi, confesse-t-elle, moi, qui ne parle pas l’alsacien, c’est dans mes relations avec des personnes, notamment dans le monde rural, qui ne sont pas à l’aise en français ».

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