Travail Des milliers d’emplois à prendre… en Allemagne et en Suisse

le 14/05/2011 à 00:00 par Adrien Dentz.DNA

clip_image001Alors qu’en Alsace, le chômage reste très élevé, nos voisins badois et bâlois connaissent à nouveau une situation de quasi plein emploi et vont être confrontés à une grave pénurie de main-d’œuvre en raison d’une évolution démographique défavorable. Une aubaine pour l’Alsace ?

Depuis deux ans, Pôle emploi Alsace, la Maison de l’emploi et de la formation (MEF) de la région mulhousienne et l’Agentur für Arbeit (agence pour l’emploi) de Freiburg poursuivent un partenariat étroit visant à « établir des passerelles » pour gommer la frontière administrative et linguistique le long du Rhin et constituer un « bassin d’emploi commun ».

Une étude comparative des effets de la crise dans l’Eurodistrict Freiburg, centre et sud Alsace présentée hier, à Mulhouse, par les trois partenaires livre des pistes d’actions communes. « I l y a de l’emploi de l’autre côté du Rhin », signale Philippe Maitreau, président de la MEF. L’Alsace en général et la région mulhousienne en particulier représentent « un réservoir de ressources humaines et de compétences indéniable, moyennant des formations adaptées et une maîtrise de base de la langue allemande », soulignent les auteurs de cette étude .

Les chiffres sont éloquents : de 2007 à 2009, le nombre d’emplois salariés dans les huit principaux secteurs d’activités marchandes a augmenté de 5 587 postes côté allemand, alors que du côté français, 7 773 emplois ont été détruits. En Alsace, la baisse des effectifs salariés est continue depuis 2007 et a été très brutale au plus fort de la crise, entre 2008 et 2009. En Allemagne, la crise n’a entraîné qu’une faible baisse des effectifs. Explication avancée par Boris Gourdial, de l’Agentur für Arbeit : « Les entreprises allemands ont procédé, avec le soutien financier de l’État fédéral, à un recours massif au chômage partiel (Kurzarbeit) ce qui a permis de maintenir les effectifs, et ont été en mesure de reprendre rapidement leur production au moment de la reprise .»

En Alsace, comme dans l’ensemble de la France, on a profité de la crise pour restructurer, en supprimant 4 640 emplois en 2008 et 2009, dont 3 166 dans les activités industrielles. Et en dépit d’une meilleure conjoncture actuellement, le chômage ne baisse que faiblement. Du coup, le différentiel entre le chômage des deux côtés du Rhin s’est creusé. Aujourd’hui en Alsace, le taux de chômage est le double de celui enregistré au Pays de Bade (voir infographie).

Nos voisins ont un autre grand souci : le vieillissement de la population. 41 % des habitants de la partie allemand de l’Eurodistrict ont plus de 60 ans, alors que dans la partie française la proportion n’est que de 20,3 %.

Selon une enquête de l‘IHK (Chambre de commerce et d’industrie), 28 000 emplois risquent d’être non pourvus en 2014 dans le Bade-Wurtemberg, chiffre qui pourrait cumuler à 28 500 en 2022 en dépit du relèvement de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans. La pénurie de main-d’œuvre devrait s’amorcer outre-Rhin dès l’an prochain avec un déficit d’environ 5000 emplois.

Cette évolution au Pays de Bade apparaît comme une belle opportunité pour l’Alsace, région toujours en expansion démographique. Mais où le nombre de frontaliers travaillant en Allemagne a baissé de 5 000 entre 2000 et 2010.

« Pôle emploi mène des opérations de formation qualifiante en Alsace aboutissant à un emploi en Allemagne, mais elles ne concernent, pour l’instant, qu’un petit nombre de personnes », explique le directeur régional Pierre-Yves Leclercq.

Pour décrocher un emploi en Allemagne ou en Suisse, il faut avoir aujourd’hui un bon niveau de qualification et une bonne connaissance de l’allemand. Ce sont les deux clés pour un emploi chez nos voisins et pour la baisse du chômage de masse en Alsace

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