Une semaine “gruyère”

DNA J.F.C.


Dans le monde de l’entreprise ou de l’éducation, le début du mois de mai est scruté attentivement. Par les salariés qui voient là l’occasion de s’offrir des week-ends prolongés, par les dirigeants qui craignent la baisse d’activité, par les élèves qui sont bien heureux de souffler, par les professeurs qui se demandent comment tenir le programme.

Qui dit jours fériés dit bien s’organiser. dessin Phil Umbdenstock
Qui dit jours fériés dit bien s’organiser. dessin Phil Umbdenstock

Certains l’appellent « la semaine gruyère », ou « la semaine en pointillé ». Seule certitude, cette semaine du lundi 7 mai au samedi 12 mai, qui suit les deux semaines de vacances de printemps pour les académies de la zone B, dont notre académie de Strasbourg, n’offrira pas les meilleures conditions d’apprentissage à un peu plus d’un mois du bac.

En effet, les élèves reprendront les cours lundi 7 mai pour s’arrêter le jour férié du 8-Mai, puis reprendront mercredi 9 mai pour s’arrêter à nouveau le jeudi de l’Ascension, avant de retourner en cours le vendredi, voire le samedi. Pour éviter cette semaine perdue ou presque, les recteurs des académies de Caen ou encore de Nantes ont décidé de repousser de sept jours les vacances de printemps afin d’y inclure cette semaine en pointillé. Mais les élèves des trois académies du Grand Est auront école du 7 au 12 mai.

Une occasion pour organiser

des sorties scolaires

« Avant que ne commence cette année scolaire, l’Unsa éducation avait attiré l’attention du ministère sur cette problématique lors du Conseil supérieur de l’Éducation nationale. Mais le ministère n’avait pas voulu changer le calendrier. Je suis étonné que certaines académies aient pu le faire. La rectrice de la Région Grand Est s’est référée à la décision du conseil supérieur de l’Éducation nationale pour décider de ne rien changer. Elle a sifflé la fin de la récréation en octobre », indique Christian Moser, secrétaire régional de l’Unsa Éducation Grand Est, avant d’expliquer que la volonté de décaler d’une semaine les vacances de printemps était « mitigée » parmi les enseignants qui avaient pu prendre des engagements personnels ou qui avaient déjà prévu de profiter de cette semaine un peu spéciale pour organiser des sorties scolaires.

De son côté, le syndicat enseignant SNES-FSU, ne s’est « pas du tout préoccupé de cette question de calendrier des jours fériés de mai. Nous avons des dossiers plus brûlants à gérer : le numérique, la réforme du bac et du lycée, Parcoursup, le management dans les établissements scolaires… », explique Jean-Louis Hamm cosecrétaire académique du Snes-FSU. Ce qui ne signifie pas que le syndicat se désintéresse totalement du calendrier. « Mme  la Rectrice a envoyé un mail aux collègues de collège, indiquant qu’il fallait être dans les établissements jusqu’au 11 juillet. En septembre, la fin des cours était prévue le 7 juillet. Y aurait-il un lien ? » s’interroge Jean-Louis Hamm.

Le calendrier touristique privilégié ?

Du côté des associations de parents d’élèves, Daniel Altmeyer, président de l’U NAAPE Alsace, considère que « dans l’intérêt des apprentissages, il aurait été bienvenu de décaler d’une semaine les vacances de printemps pour ne pas perdre une semaine supplémentaire. Dans le même temps, l’UNAAPE Alsace n’a pas fait de demande au Rectorat de Strasbourg. »

La FCPE aurait également préféré que cette semaine de mai soit incluse dans les vacances. « Nous en avons fait la demande. L’Éducation nationale n’ignorait pas en établissant les calendriers scolaires que ce “problème” allait se présenter. Le lobby du tourisme semble avoir encore beaucoup d’influence… », soupçonne Xavier Schneider président de la FCPE 67.

Un avis partagé par Thierry Loth, président de l’Apepa : « Le rectorat n’a pas souhaité modifier la position ministérielle. Comme toujours dans les débats sur les calendriers, on privilégie le calendrier touristique au calendrier des écoliers… Un décalage des vacances comme nous le demandions faisait sens. Mais cela devait se faire dès la rentrée scolaire pour que les familles qui effectuent des réservations ne soient pas pénalisées. »

Contrairement aux autres fédérations de parents d’élèves, la PEEP Alsace n’a pas souhaité demander de modifications pour les vacances d’avril. « Nous nous situons cette année en dernière zone et le dernier trimestre sera long, plus de huit semaines pour les élèves de primaires. Nous avons ainsi décidé de laisser les congés tels quels et d’avoir une pause en mai », explique Juliette Staraselski, présidente de la PEEP Alsace. « Il faut respecter au mieux les rythmes des enfants. Les parents pourront refaire une pause en mai avec leurs enfants ! »

J.F.C.05/05/2018 à 05:06

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